L’argent… fruit tendre et délicieux qui donne faim !

Parmi les différents besoins auxquels nous sommes confrontés, certains relèvent d’une nécessité primordiale pour notre survie, comme manger ou être en sécurité. D’autres n’ont pas un caractère d’urgence, et notre attitude face à ces besoins révèle nos attitudes mentales et spirituelles. Notre rapport à l’argent est souvent le fil conducteur de ces besoins. Le rapport que nous entretenons avec l’argent est biaisé par la peur de manquer ou notre conception erronée de ce qu’est l’argent. Afin de nous aider à rétablir un lien sain à l’argent, le Bien-Aimé, paix et salut sur lui, nous éclaire sur la voie à entretenir à l’échelle collective et individuelle pour en avoir suffisamment et en être libre.

Pour cela, rien de mieux qu’une situation de vie confrontant les humains à une leçon de vie. Lors de la bataille de Hunayn, Hakim Ibn Hizam (1) est confronté à un vrai dilemme que la conscience prophétique va libérer à jamais. Lors de cette bataille, il demande au Prophète, paix et salut sur lui, de lui attribuer une part importante du butin. Plus il en demandait, plus le Prophète lui en donnait. Au final, Hakim reçut une large part de ce butin. Dans une démarche très pédagogique, le Prophète lui apprend à saisir dans son rapport à l’argent ce qui relevait de la vertu et ce qui ne lui donnera jamais satisfaction, quel que ce soit le montant reçu.

« Ô Hakim, cet argent est comparable à un fruit tendre et délicieux. Celui donc qui le prend sans cupidité, cet argent lui sera béni. Mais celui qui le prend avec avidité, cet argent ne lui sera pas béni, et il sera à l’image de celui qui mange sans pourtant se rassasier. La main qui donne (litt. la main haute) est meilleure que la main qui reçoit (litt. la main basse). » (2)

Qu’est-ce que l’argent ? Qu’est-ce que donner ? Qu’est-ce que recevoir ? Qu’elle est la véritable signification du Don ? Si simples qu’elles paraissent, les réponses à ces questions s’avèrent en fait grosses d’ambiguïtés et de complexités.

Loin d’être de simples billets et des pièces (particulièrement aujourd’hui, où l’argent n’a pas de valeur intrinsèque), l’argent est avant tout le reflet de nos attitudes mentales et spirituelles. La conscience prophétique oppose deux attitudes.

« Une attitude de liberté » : Celui donc qui le prend sans cupidité, cet argent lui sera béni. A « une attitude d’avilissement » : Mais celui qui le prend avec avidité, cet argent ne lui sera pas béni, et il sera à l’image de celui qui mange sans pourtant se rassasier.

A l’échelle individuelle :

La conscience prophétique, à l’image de l’économie moderne, converge sur la définition de ce qu’est la valeur de ce que nous possédons ou gagnons. La valeur de ce que nous possédons est intrinsèquement liée à l’usage que nous en faisons. La cupidité et l’avidité renvoient à deux états psychologiques qui poussent l’individu à faire de l’accaparement et l’accumulation des richesses, l’axe principal de sa vie. Dans ce cas de figure, l’homme s’identifie à ce qu’il convoite comme bien et sacrifie implicitement la valeur spirituelle de ce qu’il possède. Il affecte de la valeur à ce qui n’en a pas et oublie que seul Al-Muqit (le Nourricier), Ar-Raziq (qui assure la subsistance), Ar-Razzaq (qui ne cesse de pourvoir) est capable de lui assurer l’expansion  de ses biens à l’infini.

A l’échelle collective :

De l’échelle individuelle, transportons-nous à l’échelle collective. La conscience prophétique nous invite à marquer une rupture avec les dogmes libéraux et l’économie de rente, qui ne sont que la victoire de l’avidité à l’échelle collective. En effet, ces deux modèles économiques sacrifient le long terme au profit du court terme et l’intérêt collectif au profit de l’intérêt immédiat.

Cependant, ce n’est pas dans notre rapport à l’argent que se situe la sphère la plus importante de notre richesse, mais dans le don. La conscience prophétique nous enseigne que dans cette dynamique d’élévation vis-à-vis des questions matérielles, le don revêt une signification entièrement différente. La main qui donne (litt. la main haute) est meilleure que la main qui reçoit (litt. la main basse).

Le malentendu le plus courant est de croire que donner, c’est abandonner quelque chose. La racine arabe du « mot don » met en avant les bienfaits qu’en tire le donateur. C’est une façon de nous rappeler que donner purifie et bonifie l’esprit du possédant en l’affranchissant de son instinct de possessivité. Donner signifie être riche. Le thésauriseur qui se tracasse à l’idée de perdre quelque chose, voilà celui qui est bien pauvre. Donner est source de plus de joie que recevoir, non pas par la privation que cela implique, mais parce que le don exprime une forme de vitalité créatrice.

(1) 7 septembre 629 de l’an 8 de l’Hégire après la conquête de la Mecque

(2) Rapporté par Boukhari et Mouslim

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