A chacun son droit : le temps des enfants

Nous connaissons que trop bien le fast food, cette façon de manger vite et mal, aujourd’hui on peut aisément parler de fast Life, on court tout le temps, on n’a le temps de rien, prendre rendez-vous avec un.e ami.e relève de l’exploit. Que dire de nos enfants, ces grands oubliés de nos emplois du temps ? Avons-nous bien cerné nos priorités ? Quelle place nous leur donnons dans nos vies ? Toute la place ? Des miettes ?  Quantité de manuels d’éducation préconisent des temps d’échange familiaux , ce qui il y a quelques temps allait de soi, ces temps qui autrefois étaient tout à fait naturels et que l’on prend aisément dans les contrées où la technologie n’a pas encore envahi l’espace familial.

La qualité

Lorsque l’on parle de passer du temps avec les enfants, c’est s’appliquer à mettre de la qualité, de l’attention dans cette relation parent/ enfant. C’est lui montrer qu’on s’intéresse à lui, à ce qu’il pense, à ce qui lui arrive à l’école, avec ses amis, à libérer sa parole. On ne le répétera jamais assez : privilégions la qualité plutôt que la quantité. Nous devons absolument réserver un temps pour un échange avec un seul enfant à la fois car, en tant que parents, il est essentiel que nous soyons l’un de ses (voire son) confidents ; non pas pour entraver sa vie privée, mais mieux connaître notre enfant et le guider, le conseiller à chaque étape de sa vie.

L’écoute

Qui dit « confidence », dit « écoute » et ça nous n’avons pas appris à le faire ou du moins nous n’avons plus le temps de le faire. Il se peut que notre enfant soit soucieux, qu’il ait des problèmes mais nous ne lui accordons que très peu d’attention tant nous avons mille et une préoccupations. L’écoute de qualité passe par l’isolement du monde extérieur, l’extinction de toutes ces nouvelles technologies qui envahissent notre vie familiale. Ceci pour le temps d’un échange avec l’enfant. Il n’est pas nécessaire de sortir LE grand jeu, de faire LA grande sortie du siècle, il suffit d’être là, présent, à l’écoute entre père et enfant, entre mère et enfant. La règle essentielle à respecter ici est l’écoute active : reformuler ce que dit l’enfant, pendant ses pauses, mais ne jamais lui couper la parole et surtout pas pour lui dire qu’il se trompe, ou lui donner un conseil non sollicité !  C’est la meilleure façon de le bloquer dans son élan.

Tous ceux, pour qui leur relation avec leur enfant commence à devenir problématique, trouveront là une excellente manière de renouer le dialogue avec leur progéniture. L’enfant se sentant unique et privilégié, il dira ou montrera de lui-même combien cette écoute et ce temps qui lui est accordé à lui seul lui fait du bien.

La solution à bien des maux

Brigitte Racine[1]  nous évoque les différents besoins de l’enfant à combler à savoir : le besoin d’aimer et d’être aimé, le besoin de sécurité, de compétence, de liberté et de plaisir. Si l’un de ces besoins venait à être négligé ou ignoré, l’enfant manifestera des comportements inadéquats attirant souvent l’attention dans le mauvais sens du terme (par des bêtises, des paroles blessantes etc) ; ce petit moment passé à l’écoute de votre enfant sera très révélateur des manques qu’il ressent et vous permettra d’ajuster vos actions et comportements envers lui.

L’autonomie…. oui mais à petit pas

La Théorie de l’attachement de Bowlby nous apprend qu’un attachement secure (le mot vient de l’anglais) engendre une meilleure régulation émotionnelle, et minimise par la suite les troubles de comportement chez l’enfant et l’adolescent[2].

Ne soyons pas pressés de les pousser vers l’autonomie, on entend souvent dire les mamans « mais mon fils est collé à moi alors qu’il est grand ». Mais que veut dire « grand » pour vous ?  L’enfant qui grandit dans un environnement secure* se sent plus à même d’affronter le monde extérieur. Laissons-lui le temps de grandir à son rythme, de se mouiller progressivement les membres avant de plonger complètement dans la piscine de la vie, de la société.

Ne soyons pas avares de câlins quel que soit leur âge ! Rappelons cet épisode prophétique :

Al-Aqra’ Ibn Hâbis (que Dieu l’agrée) vit le Prophète (que la prière et le salut de Dieu soient sur lui) embrasser Al-Hassan Ibn Ali (son petit-fils) et lui dit : « Je possède dix enfants et je n’ai jamais embrassé l’un d’eux ! » Le Prophète (que la prière et le salut de Dieu soient sur lui) rétorqua : « La miséricorde n’est point donnée à celui qui ne fait pas preuve de miséricorde. »[3]  

Prendre en charge la vie affective de nos enfants

Essayer d’étouffer les conversations délicates autour des questions relationnelles n’est pas une solution. Mais que faire ? Comment parler de choses à nos enfants avec lesquelles nous-mêmes ne nous sentons pas à l’aise ?  Pourtant il est indispensable que l’enfant trouve des réponses à ses questions auprès de sa famille. Elles seront plus adaptées et plus conformes à nos principes de pudeur ou de confier cette mission à un proche parent (oncle, tante ou personne de confiance qui respectera la parole de l’enfant et le conseillera au mieux). Il suffit d’utiliser des mots simples, et quelques références aux valeurs religieuses en en soulignant les aspects avantageux.

Pour être plus pratique :

Nous  parents, devrons faire au mieux pour être des guides, des accompagnateurs, avec douceur, écoute et attention. « Plus facile à dire qu’à faire ! » me direz-vous. Oui, j’en conviens, mais ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir ?

Si on se sent vraiment dépassés par une relation parent/enfant compliquée, beaucoup d’ateliers, de formations, séminaires et conférences en direction des parents sont dispensés dans toute la France il ne faut pas hésiter à se renseigner et se donner les moyens pour préserver ou construire l’harmonie familiale.

Méditons enfin sur cette Sagesse coranique invitant à la douceur : «  C’est par quelque miséricorde de la part de Dieu que tu (Mohammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. »[4]

Qui connaît mieux la nature humaine que Celui qui l’a créée ?


[1] La discipline, un jeu d’enfant.

[2] http://www.scienceshumaines.com/la-theorie-de-l-attachement-de-john-bowlby

[3] [Rapporté par Aboû Dawoud et Tirmidhy et authentifié par Albâny.]

[4] Coran la famille d’Imran v 159

*Cela ne veut pas dire que ceux qui ont vécu des catastrophes dans leur vie ne peuvent pas s’en sortir, il y a beaucoup d’exemples qui prouvent le contraire c’est ce qu’on appelle le processus de résilience en psychologie, concept développé par Boris Cyrulnik qui est la faculté de rebondir à vaincre des situations traumatiques.

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