Petite histoire de propreté chez l’enfant

Les parents s’installent face au médecin. La petite fille, assise sur les jambes de sa maman, observe fixement l’inconnue, l’index dans la bouche.

Le père explique assez brièvement la raison de leur présence : ils aimeraient que leur fille devienne propre, mais en tant que nouveaux parents, ils appréhendent cette étape. Le médecin leur pose alors quelques questions : leur fille s’appelle Mariam, et vient d’avoir deux ans. Elle n’a jamais présenté de problèmes de santé particuliers, et la maman précise qu’elle a du caractère, et qu’elle sait ce qu’elle veut.

 

Le médecin s’adresse à Mariam, en se présentant tout d’abord à elle, et en lui proposant ensuite, si elle le souhaite, d’aller s’amuser avec les jouets situés dans un coin de la pièce pendant qu’elle discute avec ses parents. Mariam continue de l’observer et esquisse un léger sourire comme pour répondre à son invitation, mais reste toutefois blottie dans les bras de sa mère.

– Qu’est-ce qui vous inquiète ? demande le médecin

– On se demande si c’est le bon moment, s’il faut lui retirer la couche tout de suite, ou encore s’il faut être sévère avec elle

– Vos questionnements sont légitimes. La propreté n’est pas quelque chose d’inné, c’est un apprentissage, comme on apprend à lire, à manger ou à marcher. Cela demande de la patience.

– Oulala, je n’ai pas de patience, rétorque le père avec un sourire

– Je peux tout à fait le comprendre, dit le médecin en lui rendant son sourire, mais il va pourtant falloir que vous en ayez, parce que c’est un travail de collaboration entre les deux parents. Vous devez vous montrer cohérents face à Mariam sinon elle sera déstabilisée

– Vous pensez qu’elle est prête ?

A ce moment là, Mariam fait comprendre à sa mère qu’elle désire descendre et se dirige timidement vers les jouets. Elle reste un court instant à les regarder avant de se retourner vers sa mère. Rassurée par le sourire de cette dernière, elle se risque alors à saisir un petit seau.

Avant de répondre, le médecin interroge au préalable les parents sur le développement psychomoteur de Mariam. Puis, leur explique la raison de ses questions :

– Un enfant qui n’est pas prêt à être propre, c’est un enfant qui n’a pas conscience qu’il émet ses urines ou ses selles, parce qu’il n’a pas encore fini sa maturation physiologique. Il ne sera donc pas encore capable de se retenir. Le physique précède le psychologique. Mais d’après ce que vous me dites, Mariam est prête : elle se déplace seule, elle se rend compte quand elle fait ses selles en suspendant ses activités, elle arrive à exprimer ses envies ce qui signifie qu’elle pourra vous dire quand elle voudra aller sur le pot, et elle a très bien compris ce que je lui ai dit tout à l’heure, elle saisira donc ce que vous attendez d’elle. Ne vous inquiétez pas, vous avez choisi le bon moment.

Mariam, qui avait rempli son seau de jouets, décida de vider son contenu par terre. Ce spectacle lui arracha un rire. Le bruit que cela produit attira l’attention des adultes.

– Mariam fait des expériences, leur expliqua le médecin. Elle s’assure que le seau reste identique, qu’il existe toujours, bien qu’elle ait vidé son contenu, comme elle, elle reste la même après avoir éliminé ses selles ou ses urines

– Ah d’accord, on comprend mieux pourquoi elle joue toujours à ce jeu… et dites-nous, comment faire pour son apprentissage ? On lui retire tout de suite la couche ?

– Vous savez, il n’y a pas de mode d’emploi prédéfini… je peux seulement vous faire quelques suggestions : déjà, expliquez lui ce que vous attendez d’elle. Puis, vous pouvez lui montrer le pot dans les toilettes en lui précisant qu’il restera toujours là parce que c’est sa place pour ce genre de chose. Au début, vous pouvez lui mettre une couche culotte, et la lui retirer quand vous la mettrez de temps en temps sur le pot pendant quelques minutes. N’hésitez pas à lui répéter ce que vous attendez d’elle avec des mots simples. Par la suite, proposez-lui le pot à des moments définis pour installer une certaine habitude. Sachez qu’elle va d’abord acquérir la propreté diurne (journée) avant la propreté nocturne (nuit). La propreté nocturne peut venir quelques jours, quelques semaines, ou même plusieurs mois après. Mais vous verrez, avec le temps, ça ira. Et quand elle réussira à faire dans le pot, ne la félicitez pas avec des cadeaux, un simple « c’est bien, c’est ce qu’il faut faire » suffit amplement, et si elle fait ailleurs que dans le pot, faites lui seulement remarquer ce qu’il aurait fallu faire, et passez à autre chose.

– Et si malgré tout, elle refuse d’être propre ? rétorque la mère d’un air inquiet

– Mariam est, ou va entrer dans sa phase d’opposition avec le fameux « non ». Il se peut donc qu’elle utilise la propreté comme moyen de refus, mais avec le temps, elle prendra conscience qu’elle n’aura que des avantages à devenir propre. Mais vous, parents, ne vous montrez pas trop exigeants ou trop insistants, les résultats ne seront pas immédiats, et attendez vous à des accidents. Comme je vous l’ai dit, c’est comme apprendre à marcher, on tombe avant d’avoir une marche assurée. Encouragez-la à vous avertir quand elle sent qu’elle a envie. Vous pourrez même utiliser des jeux pour l’aider, comme lui acheter un pot en jouet, ou vous pourrez lui lire des histoires sur la propreté. Faites preuve de patience, et surtout faites lui confiance.

– J’espère que ça ne sera pas trop long, fit remarquer la mère après avoir jeté un coup d’œil à sa fille. Je suis enceinte, ça nous ferait un souci en moins à gérer

– Je comprends mais sachez que cette nouvelle peut la perturber. Donc si vous sentez qu’elle s’oppose vraiment, alors, il vaudra mieux suspendre l’apprentissage pour lui laisser le temps d’accepter les choses et reprendre par la suite. Je vous dirais la même chose si vous déménagiez, ou s’il se produisait un autre événement qui pourrait la perturber

Fatiguée, Mariam décide d’abandonner les jouets, pour aller se pelotonner dans les bras de son père

– Il faudrait inventer une télécommande, suggère le père après un moment de silence. On appuierait juste sur un bouton, et paf, l’enfant deviendrait propre. Hein, ma chérie ? Rajoute t-il à l’attention de sa fille avant de lui poser un baiser sur la joue

– Pourquoi pas, dit le médecin avec un sourire, ça serait tellement génial… Je peux vous donner une dernière petite astuce qui pourrait vous aider. Parlez à Mariam de la propreté en général en introduisant l’aspect spirituel. Expliquez-lui que l’Islam est la religion de la propreté et de l’hygiène en lui donnant pour exemple l’importance que Dieu accorde à la pureté du lieu et du vêtement afin de prier dans de bonnes conditions. Gardez en tête que ce ne sont que quelques conseils car chaque enfant a sa petite histoire avec la propreté.

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