« Leur Seigneur les abreuvera d’une boisson très pure »

Le verbe trahit souvent l’être, les mots ne peuvent venir au secours du cœur, la forme ne peut en aucun cas embellir le fond si ce dernier fait défaut. Combler son manque intérieur par un appel au secours de l’extérieur est souvent la voie et la voix de ceux qui ne puisent pas leur force d’être dans une intime relation avec leur Maître. Ô Toi Maître des cœurs, Seigneur des ténèbres et de la lumière, Dieu des faibles et des forts, Créateur des cieux et de la terre, illumine nos cœurs de Ta Lumière. Seigneur, abreuve notre être et préserve-nous de la tentation de paraître. « Celui dont l’œuvre fait défaut (auprès de Dieu) son ascendance ne lui sera, d’aucuns secours ».1

La quête d’une Vérité transcendante commence toujours par une soif spirituelle. Cette soif ne peut être apaisée qu’après avoir bu à la Source originelle dont le goût est inscrit dans le patrimoine spirituel de chacun. La Source est une, mais les points d’eau sont multiples et variés. La Voie qui mène à la Source est droite et sans détour. Une multitude d’autres chemins tortueux et sinueux se trouvent de part et d’autre de cette Voie.  Sans un guide qui connait parfaitement cette Voie qui mène à la Source salutaire, la recherche se conclut souvent par un échec.  Un mirage dans un désert réel peut mener les imprudents vers un cimetière qui accueille,  tous ceux qui se sont engagés dans ce voyage  seuls et sans guide, seuls et sans provisions, seuls et sans orientation. Et d’ailleurs, c’est la forme de quête qui fait le plus de victimes de nos jours, à une époque où la désertification matérialiste fait des ravages, et où les mirages du bien-être ne font qu’entraîner nos candidats à la félicité, vers leur funeste fin. D’autres se contenteront de la première flaque boueuse qu’ils rencontreront et dans laquelle ils séjourneront pour le restant de leurs jours.

D’autres encore, moins téméraires, préféreront une solution plus virtuelle en essayant de se convaincre qu’ils n’ont pas soif et que tout cela n’est en fait que l’affaire d’un subconscient qui fait encore des siennes. D’autres qui n’ont plus qu’un vague et lointain souvenir du goût originel de l’eau salvatrice et trompés par les apparences, se dirigeront vers des océans et des mers dont le bleu fait rêver et dont la quantité d’eau fait chavirer l’esprit asséché. Ils plongent tête première dans cette immensité salée. Leur soif ne fait alors que se décupler. Cette eau si bleue,  cette mer si grande et cet océan si vaste ne font que déchirer les entrailles de nos candidats malheureux qui finissent par se noyer dans les profondeurs. « Et Nous engloutîmes ceux qui ont démenti Nos signes »2

D’autres se souviennent bien de leurs ancêtres qui possédaient une source pure et limpide, de laquelle ils s’abreuvaient, mais ne pouvant en retrouver la trace, soulagent leur soif par ces lointains souvenirs. La frustration alors ne devient que plus profonde et la soif plus intense. Il y a bien sûr les nombreux vendeurs d’eau ambulants au milieu de ce désert aride, qui proposent une tasse pour quelques sous. Cette eau est si chaude et parfois si brûlante et le prix si cher que beaucoup préfèrent la soif initiale à cette torture supplémentaire. Il y a évidemment ceux qui ne cessent de creuser le sol en vain, leur force et leur volonté finissent par disparaître dans les méandres des sous-sols stériles et arides. 

Le temps presse, la soif assèche, les sens se brouillent, la détresse envahit tout l’être, l’avoir n’a plus cours, le seul langage est un appel au secours, le moi se noie, l’âme gémit, le cœur frémit, le ciel apparait, la nuit disparaît, le vent se lève, les nuages arrivent, le tonnerre gronde, les éclairs se croisent, la pluie tombe, l’eau est là pure et claire, douce et fraîche, l’âme s’éveille, le cœur se réveille, l’être renaît, les larmes jaillissent en abondance et se mélangent à ce présent de la Providence : « N’est-ce pas Lui qui répond à l’appel de celui qui est en détresse ».3Alors, « Sachez que Dieu redonne vie à la terre morte ».4

La recherche de spiritualité ou la quête d’un sens à donner à son être, à son existence et à sa mort, ne sont que la manifestation de cette soif que chaque personne connaît un moment ou un autre de sa vie. L’orientation première dans cette quête est parfois pour ne pas dire toujours déterminante. Cette orientation dans notre quête, prend son origine au plus profond de notre for intérieur, au centre de notre cœur spirituel, car c’est lui qui a soif, c’est lui qui par la suite communique cette soif à tout le reste de l’être. Par nature et par prédisposition spirituelle, l’être humain tourne son visage vers le ciel, le ciel d’où vient la source de la vie, l’eau, ce don si précieux. Du ciel vient cette eau pure, fraîche et limpide, riche et revitalisante. Cette eau pénètre dans les entrailles de cette terre si aride et poussiéreuse et la voilà une fois gorgée d’eau bénie, qui reprend vie et fleurit, sourit et s’embellit. Elle se pare de son plus beau manteau de verdure et offre ses fruits et ses plantes à tous ceux qui la foulent. « Celui qui a fait descendre l’eau du ciel avec mesure et avec laquelle Nous ranimons une cité morte [aride]. Ainsi, vous serez ressuscités » 5. « Et c’est Lui qui envoya les vents comme une annonce précédant Sa miséricorde. Nous fîmes descendre du ciel une eau pure et purifiante, pour faire revivre par elle une contrée morte, et donner à boire aux multiples bestiaux et hommes que Nous avons créés. » 6

Le point de départ est le point d’arrivée. Le cœur ne peut s’abreuver directement de la source, car trop puissante, trop pure et trop abondante, mais les points d’eau ne manquent pas à condition de savoir les reconnaître. Le cœur est semblable à la surface de l’eau, dans son état apaisé et calme, il reflète fidèlement les images qui lui sont projetées. Mais à la moindre vague, le reflet se trouble. La pluie qui tombe en abondance sur terre est recueillie dans des réceptacles. Le Messager de Dieu Paix et Bénédiction sur Lui dit : « Dieu a des réceptacles sur terre, ce sont les cœurs de Ses serviteurs vertueux, les cœurs les plus aimés de Dieu sont les plus doux et les plus sensibles »7. Ces réceptacles préservent en eux cette eau qui reste pure et limpide. Ces points d’eau attendent tous ceux que la soif déchire leurs entrailles. Le moyen de les trouver et de les reconnaître est de veiller à garder la surface de son cœur apaisée pour que leur image se reflète fidèlement. La prière en abondance sur le Prophète Muhammad Paix et Bénédiction sur Lui apaise le cœur, lui donne une lumière qui permet de les reconnaitre.

Plus notre soif est intense et plus notre quête du réceptacle par excellence se fait sentir. L’ambition spirituelle de chacun et l’intensité de notre prière orientent notre recherche vers l’Héritier de la source mère. Celui qui puise directement dans le cœur du Prophète Paix et Bénédiction sur Lui. Le Messager de Dieu dit : « Les savants sont les héritiers des prophètes, or les prophètes n’ont laissé en héritage ni dinar, ni dirham, mais ils ont laissé la science. Celui qui la recueille a recueilli une part énorme. »8. Dieu dit : «au-dessus de chaque Savant il y a un savant plus élevé ». Cet héritier par excellence, ce savant, cette perle rare, est capable par la grâce de Dieu, d’abreuver l’humanité et d’étancher les soifs les plus intenses. La capacité de son cœur est sans cesse en expansion, car il puise à travers un canal de lumière qui remonte jusqu’à la source prophétique. Son cœur est alimenté en permanence par les flux spirituels des Messagers, des Prophètes et des véridiques. Ce cœur est semblable à l’univers dans son infinie expansion, une expansion que Dieu Seul prodigue. « …et Nous l’étendons (constamment) dans l’immensité ».9

Pour reconnaitre ce réceptacle, un seul moyen, se lever dans l’obscurité de la nuit, se purifier par l’eau bénie des ablutions, vider son cœur de tout préjugé, calmer la surface de son cœur par les prières sur le Prophète, prier en implorant l’Unique, Le Seul, Le Maître, Le Créateur, Le Miséricordieux l’Infiniment Miséricordieux, manifester sa détresse, renouveler sa demande, jusqu’à en être hanté matin et soir en criant inlassablement par un silence spirituel « Seigneur, Toi qui m’entends, Toi qui me vois, je t’en supplie réponds-moi, guide-moi, que faire ? Où boire ? Qui croire ? Qui suivre ? « Et c’est lui qui envoie les vents comme une annonce de Sa miséricorde. Et Nous faisons descendre du ciel une eau de pureté pour en faire revivre une terre » 10. Gloire à Dieu !

Titre : Sourate L’Homme verset 21 

(1): Moslim

(2): Sourate Jonas verset 73 

(3): Sourate Les Fourmis verset 62

(4): Sourate L e Fer verset 17

(5): Sourate l’Ornement verset 11

(6): Sourate Le Discernement verset 49

(7): Tabarani

(8): Moslim et Abou Daoud

(9): Sourate Adhariyates verset 47

(10): Sourate Le discernement verset 48

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