« Comment être seul(e) avec Dieu ? »

Je suis seul avec Dieu lorsque tous les acteurs et les présences s’estompent et s’éteignent, sauf Dieu. Ce n’est pas que Dieu a besoin qu’ils s’en aillent pour S’affirmer, mais comme Il le fait savoir dans un Hadith Qodsi[1], quand nous Lui associons quelqu’un ou quelque chose Il nous livre à ce que nous Lui avons associé[2]. Le dernier acteur à s’éclipser, difficilement, est bien nous même, notre ego. Nous y croyons dur comme fer et lui vouons une confiance aveugle. Pour le forcer à disparaître lui aussi, il faut pouvoir affronter une affaire qui nous dépasse, que seul Dieu peut régler. C’est le principe même des « épreuves » (balâ’) et leur vertu spirituelle. Les épreuves rapprochent de Dieu car suppriment la compétence trompeuse de nos alliances et de nos moyens matériels, mentaux et intellectuels.

Imaginez ! Je dispose d’un seul essai, une seule vie pour sceller à tout jamais ma vie dernière. Je n’apercevrais même pas l’existence de certains degrés. À jamais. Quel dommage ! Mes limites spirituelles dans la vie ici-bas limiteront mes privilèges dans la vie dernière.

Les limites spirituelles (parasites, insouciance, mauvais caractères,…) dont on souffre pourraient être un facteur de proximité s’ils déclenchent une fuite vers Dieu et une remise complète et exclusive à Lui. Paradoxalement, voir ces épreuves se dissiper c’est forcément, une nouvelle fois, s’éloigner de Dieu car le besoin qui nous contraignait à mendier devant Sa porte n’est plus. L’épreuve est là pour créer le besoin qui, lui, nous emporte à Dieu Exalté et magnifié. Les pieux aperçoivent les épreuves comme des dons, des opportunités. On comprend pourquoi.

D’un autre côté, être seul avec Dieu est un privilège, donc assez rare par essence. D’habitude on se retrouve avec Dieu en même temps que d’autres éléments de la vie qui nous entourent. C’était aussi le cas des compagnons du Prophète, paix et salut sur lui, lorsqu’ils vinrent se plaindre du changement de leur état une fois pris dans leurs tâches quotidiennes. Ils sentaient leurs cœurs moins transparents, un peu troubles.

Se rappeler la mort, pas la mort des autres mais sa propre mort, la sentir dans sa poitrine et dans sa chaire peut désarmer l’ego de ses moyens et libérer le cœur de son emprise. La mort est le seuil de l’éternité, le rendez-vous avec l’Eternel.

Se rappeler le Jour dernier debout face à Dieu. Se rappeler que tous ceux qui nous ont quittés étaient un jour vivants parmi nous.

Surtout ne pas confondre le souvenir de la mort avec une simple dépression nerveuse. Lorsque c’est un Souvenir sain cela libère et se manifeste dans les adorations. On ressent le besoin de retrouver ces moments de sérénité et d’assurance car près de Dieu. Mais si cela se transforme en une inquiétude et une crispation alors il faut prendre de l’air et aller voir le soleil.

La présence à Dieu, seul, est un exercice à perfectionner au jour le jour. Nous avons la vie pour y exceller et surmonter les insouciances. « L’homme ne cesse d’être véridique et rechercher la véracité au point que Dieu le compte parmi les véridiques. » C’est un projet où se faire aider serait une bonne stratégie.

 


[1]              C’est un récit prophétique dont le sens est attribué à Dieu mais formulé par le prophète paix et saluts sur lui.

[2]              Le sens d’un hadith prophétique rapporté par Muslim, selon Abu Houraïra. « Je suis le plus désintéressé des associés, celui qui fait une œuvre où il m’associe quiconque je le délaisse à ce qu’il a associé. »

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