Donner un sens à sa vie (1/2)

Au cours d’une émission télévisuelle sur le suicide des jeunes il y a quelques années, une fille a témoigné de son désir de mettre fin à sa vie parce qu’elle ne comprenait pas quel sens donner à la vie. Elle a raconté qu’elle n’était pas satisfaite de l’explication que l’être humain est là pour travailler. Elle avait 17 ans et déjà 13 tentatives de suicide. On était tous émus.

 

L’humanité est à un tournant de l’Histoire. Ce n’est qu’un secret de polichinelle que l’avancée technologie ne suffit pas à rendre heureux. Pour l’Homme, le souhait le plus cher et le plus souvent évoqué est quand même de vivre en « paix ». Cela dépasse d’ailleurs la vie terrestre puis que sur les morts, nous entendons souvent « que leur âmes restent en paix ». Comment peut-on vivre en paix (intérieure et extérieure) et en même temps atteindre la paix de l’âme ? Il est maintenant reconnu, du moins par certains, que la réponse à cette question dépasse largement une vision strictement matérialiste de la vie, une vie qui serait sans âme.    

Il est également souvent question de la « justice ». L’aspiration à un monde plus juste où l’équité régnera est le souhait de tout le monde. Des organisations ont privilégié la force pour imposer la paix et la justice. Plus souvent, cette force s’avère être une farce et dans cette histoire de farce, les faibles sont toujours les dindons.

Ainsi le véritable vivre-ensemble en paix et en harmonie, le bonheur et la justice passent par la spiritualité. Ceci est maintenant une conclusion largement partagée par des gens de bon sens. La solution à la crise actuelle, qui n’est pas pour origine la finance mais l’éloignement de l’Homme de son Créateur, est le retour à Dieu. La spiritualité oui, mais laquelle ?

Nous allons découvrir (ou redécouvrir) la spiritualité musulmane en tant que solution à la crise. Ce n’est pas un choix à priori (ni à postériori d’ailleurs) parmi les trois religions monothéistes. Ce choix réside sur le fait que l’Islam est la seule à enseigner la foi en tous les prophètes. C’est l’enseignement à tirer du verset « Dis (ô Mohammed) : Nous avons foi en Dieu, à ce qu’on a fait descendre sur nous, à ce qu’on a fait descendre sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les Tribus, et à ce qui a été, apporté à Moïse, à Jésus et aux prophètes, de la part de leur Seigneur ; nous ne faisons aucune différence entre eux ; et c’est à Lui que nous sommes soumis »[1] . Ainsi, nous tournons la page sans la déchirer.

Ceci est donc un appel et un rappel. C’est un appel destiné aux non musulmans en quête de spiritualité afin qu’ils puissent prendre connaissance de celle de l’Islam. C’est un appel aux musulmans à l’éducation, au cheminement. Un appel pour la pratique complète de « la religion » (ad-dine), à tous les niveaux (Islam, Imân et Ihsân). C’est également un appel, appel aux êtres humains en général afin qu’ils prennent conscience de leur Créateur à une époque où «le Diable leur a embelli leurs actions, et les a détournés du droit chemin, et ils ne sont pas bien guidés »[2].

Dieu dit à travers le Coran « Et rappelle ; car le rappel profite  à ceux qui ont foi ».[3] Il s’agit donc de se rappeler de l’objectif de la création, de la mort, du devenir de l’Homme dans la vie dernière. C’est aussi l’incitation au rappel de Dieu (Adh-Dhikr) pour quitter la préoccupation terrestre et retrouver la tranquillité de cœur, « n’est-ce point par l’évocation de Dieu que se tranquillisent les cœurs ? »[4].      

De la nécessité d’une prise de conscience : Bilan, perspective et foi

ETAT DES LIEUX

Le christianisme est une religion bien répandu aux quatre coins du monde. Le message du Christ n’était pas toujours tel que nous le connaissons aujourd’hui. En effet, la forme actuelle de ce que nous appelons la religion chrétienne est l’œuvre de Saul connu sous le nom de Paul. Saul, un contemporain de Jésus (que la paix soit sur lui), était un redoutable détracteur de ce dernier qui s’est déclaré rejoindre le rang des disciples après le départ de Jésus. La personnalité de Saul a fait l’objet de plusieurs études dans le domaine de l’histoire. Laissons aux historiens ce travail. L’objet de cet article n’est pas de revenir sur l’histoire de la chrétienté, ni de critiquer l’Eglise et ni de nous livrer à la religion comparée. Cependant, nous savons aujourd’hui ce qu’est devenu le message du Christ en occident avec Saul, mais nous ne saurions jamais ce que le message serait devenu sans Saul.

Il y avait quand même une part de sacré et de la spiritualité chez l’Homme malgré cet apport de Paul, pour reprendre son nom de scène. Nous dirions que tout a changé depuis que Galilée a braqué sa lunette vers le ciel. L’Homme privilégiait alors la vision des yeux au détriment de celle de cœurs. Nous voilà entrer dans une dualité supposée inconciliable, l’âme (le spirituel) est alors sacrifiée sous l’autel du corps (le matériel). Depuis, nous sommes plongés dans une crise qui ne cesse d’amplifier jusqu’à aujourd’hui.

La réponse est sans doute de réconcilier ce monde dualiste en mettant le matériel au service du spirituel, la raison ou la science pour renforcer la foi et la quantité pour produire la qualité. Soyons clair, l’Homme ne trouvera jamais la paix, la sérénité, la justice et le bonheur sans revenir à la spiritualité et à l’espérance en Dieu, le Créateur.

Concernant l’hypothèse du hasard souvent avancé comme source probable de la création, nous nous contentons de cité Jacques Bénigne Bossuet[5], « C’est ainsi que Dieu règne sur tous les peuples. Ne parlons plus de hasard ni de fortune, ou parlons-en seulement comme d’un nom dont nous couvrons notre ignorance. Ce qui est hasard à l’égard de nos conseils incertains est un dessein concerté dans un conseil plus haut, c’est-à-dire dans ce conseil éternel qui renferme toutes les causes et tous les effets dans un même ordre. De cette sorte, tout concourt à la même fin ; c’est faute d’entendre le tout, que nous trouvons du hasard ou de l’irrégularité dans les rencontres particulières ».

Pour compléter ce bilan, il faut mentionner que l’approche matérialiste du monde qui consiste à faire dire la science ce qu’elle n’a pas prédit est en train d’être rejetée par d’autres scientifiques, par exemple Bernard d’Espagnat[6] qui n’a pas hésité à déclarer que « la société moderne fait fausse route » au cours d’un entretien avec un journaliste de la Tribune. Des scientifiques prônent maintenant la désacralisation de la science. Ainsi, du point de vue de la science, avoir foi en Dieu n’est pas plus indéfendable que croire à un monde sans direction, ni sens, ni dessein.

La crise actuelle ne peut trouver une solution durable qu’en prenant en compte le besoin de l’âme. Cependant, la mauvaise diagnostique de la situation nous éloigne de cette vraie solution. D’ailleurs, Philippe Dessertine[7] a dénoncé le caractère simpliste de l’approche pour analyser la crise dans son pamphlet intitulé « Ceci n’est pas une crise, juste la fin d’un monde », une fin sans couronne ni fleur à cause de cette erreur d’analyse. C’est ce monde que Prince Charles[8] considère « de plus en plus absorbante et exploitante » et conseille de réapprendre de l’Islam la spiritualité et le sens du sacré.     

AVOIR FOI EN L’INVISIBLE

La situation de ceux qui rejettent la vie après la mort et traitent le message des prophètes de mensonges est semblable à celle d’un poisson qui s’est pris à l’hameçon et s’est retrouvé sur le barbecue d’un piqueniqueur à la rive d’une rivière. Imaginons qu’auparavant une espèce, capable de vivre sous l’eau et à l’air libre (tel qu’un crabe vert), observait la scène et voyait la ruse du piqueniqueur pour pécher les poissons. Notre crabe vert s’est précipité dans l’eau pour avertir les poissons de ne pas s’approcher de l’appât en leur décrivant la conséquence de leur désobéissance éventuelle. Ne voyant pas l’environnement décrit par le crabe vert – la rive, le piqueniqueur, le barbecue avec sa braise – des poissons pouvaient choisir de s’éloigner de l’appât en prêtant attention à leur avertisseur et d’autres pouvaient choisir de mordre à l’hameçon en rejetant l’avertissement avec la conséquence que nous savons.

Le rôle du Prophète de l’Islam (que la paix et la bénédiction soient sur lui) est semblable à ce crabe verte car il a été envoyé « en tant qu’annonciateur et avertisseur pour toute l’humanité ; mais la plupart des gens ne savent pas »[9]. Que nous répondons à l’appel ou pas est notre choix. Nous avons l’espoir d’être parmi ceux « qui prêtent l’oreille à la Parole, puis suit ce qu’elle contient de meilleur »[10]. En effet, le feu de l’enfer est beaucoup plus ardent que la braise du barbecue.

 


[1] Coran : La famille d’Imran, verset 84

[2] Coran : Les fourmis, verset 24

[3] Coran : Qui éparpillent, verset 55

[4] Coran : Le tonnerre, verset 28

[5] Jacques Bénigne Bossuet (1627 – 1704) dans « Discours sur l’histoire universelles » publié en 1681, cité dans « Littérature et Langages. Tome 4 : La Littérature et les idées » par Danièle Bos, Robert Horville et Bernard Lecherbonnier, Editions Fernand Nathan – 1974. Page 266.

[6] Bernard d’Espagnat – Physicien, membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Ancien directeur du laboratoire de physique théorique et particules élémentaires de l’Université Paris-XI (Orsay) de 1980 à 1987, il a enseigné la philosophie des sciences à la Sorbonne et fut le premier théoricien en poste au CERN à Genève.

[7] Philippe Dessertine – Professeur de finance à l’Université Paris-X (Nanterre), directeur du Centre d’Etudes et de Recherches sur les Organisations et la Stratégie (CEROS) et de l’Institut de Haute Finance du groupe IFG (IHFI).

Propos recueillis par Eric Albert :

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20090505trib000373629/exclusif-bernard-despagnat-physicien-francais-qui-recoit-le-prestigieux-prix-templeton-la-societe-moderne-fait-fausse-route.html

[8] Prince Charles – Prince de Galles, l’héritier présomptif du trône du Royaume-Uni.

(a) “It is a sad fact, I believe, that in so many ways the external world we have created in the last few hundred years has come to reflect our own divided and confused inner state. Western civilisation has become increasingly acquisitive and exploitative in defiance of our environmental responsibilities. This crucial sense of oneness and trusteeship of the vital sacramental and spiritual character of the world about us is surely something important we can re-learn from Islam”

Extrait du discours : “Prince Charles, Islam and the West”. A visit to the Oxford Centre for Islamic Studies – The Sheldonian Theatre, Oxford. October 27, 1993

[9] Coran : Saba’, versets 28

[10] Coran : Les groupes, verset 18

 

Un commentaire

  1. Je viens de tomber sur ce site. Mon premier article Lu. J’ai apprecie le trouvant tres riche en enseignememts pour reveiller les Ames mortes. Je vous rendrai visite quotidiennememt.

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