Le croyant est le miroir du croyant

Par la grâce de Dieu, le très-Haut, nous formons une Ûmma, une communauté. L’édification, l’éducation et le développement de cette communauté ont été conduites par le Prophète Mohammed, prières et bénédictions sur lui, et ses Compagnons, que Dieu le Très-Haut soit satisfait d’eux, autour d’axes fondateurs. Celle-ci n’a été fondée ni sur des critères de couleur, de race ou d’ethnie, ni même sur des intérêts économiques et matériels.

« Ô gens ! Dieu interpelle-t-il chacun. Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, cela afin que vous vous entre connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Connaisseur. »[1] Depuis l’origine, la communauté a été bâtie sur un principe fort et plus noble : celui de l’acceptation de la Vérité venant du Seigneur des mondes, Dieu le Très-Haut, et transmise par Son Messager Mohammed, prières et bénédictions sur lui, et le rejet de la fausseté. Cette Ûmma est donc une communauté construite sur la foi, sur l’imâne.

L’essence de la fraternité qui unit l’ensemble des musulmans au sein de la Ûmma repose sur un devoir essentiel intimement lié à la foi et la sincérité envers Dieu le Très-Haut. « La religion, c’est le Conseil ! Enseigna le Prophète bien-aimé. Nous dîmes envers qui ? Il répondit : envers Dieu, Son Livre, Son Prophète, les élites des musulmans et leur ensemble.»[2] Appliquer ces prescriptions revient alors à s’engager dans un projet de réforme sociale, qui met en œuvre les principes fondateurs donnés par Dieu le Très-Haut. Le mode d’emploi pour l’édification de cette force sociale se trouve dans le verset 71 de la sourate « le repentir ». Il décrit une démarche indissociable de la foi. « Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, déconseillent le blâmable accomplissent la Salât, acquittent la Zakat et obéissent à Dieu et à Son messager. Voilà ceux auxquels Dieu fera miséricorde, car Dieu est Puissant et Sage. »[3]

Cependant, la participation du musulman et de la musulmane à cette dynamique de réforme sociale, pour qu’elle soit déterminante et positive, doit nécessairement respecter un certain nombre de règles et de principes donnés par notre bien aimé Prophète, paix et salut sur lui, dans un hadith, qu’il nous enseigne : « Le croyant est le miroir du croyant »[4]

Un hadith fondamental pour la Ûmma

Dans cette comparaison au miroir, le Prophète, prières et bénédictions sur lui, veut inciter les musulmans à prendre conscience de six points importants.

1- Le miroir est fidèle et sincère : il « ne triche pas »

Quand un individu se regarde dans un miroir, ce dernier lui renvoie une image fidèle de sa personne. Le miroir, lorsqu’il ne présente pas de défaut, accomplit la fonction qui est la sienne et reflète donc strictement les traits et l’aspect physique de celui ou celle qui se trouve en face de lui. En comparant le croyant à un miroir, c’est sur cette réalité là que le Prophète, paix et salut sur lui, nous interpelle : Quand un musulman constate un aspect favorable ou défavorable, chez un de ses frères en islam, il a pour devoir, une fois sollicité, d’informer la personne concernée de son aspect. Il ne peut se taire, exactement comme un miroir ne peut s’empêcher de refléter son environnement. Mais son devoir d’information, le musulman ne peut s’en acquitter de n’importe quelle façon; il a une éthique à respecter : celle de la sincérité. Tout comme le miroir ne peut tronquer ni altérer le reflet qu’il renvoie, le musulman qui conseille son frère ou sa sœur par rapport à un aspect inachevé ne peut se permettre d’exagérer et d’en rajouter dans son constat.

2 – Le miroir n’est pas un juge

Le rôle du miroir se limite à renvoyer un reflet de la réalité et en aucun cas il ne juge. De la même façon, l’action du musulman se doit d’être positive. Il lui est enseigné d’informer son frère de ses défauts éventuels et de le conseiller afin qu’il arrive à s’en débarrasser: C’est dans ce sens que l’on peut comprendre «  Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable »

Par ailleurs, Le Prophète, paix et salut sur lui, a comparé le croyant à un miroir : ce devoir ne signifie pas que le musulman a la permission de rester à l’affût des défauts d’autrui ou qu’il a le droit de s’abattre sur quelqu’un comme un juge inquisiteur.

3 – Le miroir détient un secret intime

Le miroir renvoie le reflet d’une chose uniquement le temps que cette chose est positionnée en face. Pour le musulman, lorsqu’il constate un défaut chez un autre, il doit conseiller le conseiller en sa présence, puis une fois parti, il doit se taire etne pas dévoiler ses défauts devant d’autres personnes. « Celui qui conseille son frère en privé, dit l’imâme ach-Châfi’î, que Dieu l’accueille dans Sa Miséricorde, l’a certainement conseillé et embelli. Tandis que celui qui le conseille en public l’a certainement dévoilé et enlaidi. »

4 – Le miroir donne toujours un reflet et ne démissionne pas

Le miroir présente un reflet à chaque fois qu’une chose se présente devant lui : Le musulman ne doit pas se décourager dans son action de conseil mutuel; tant qu’il constate la présence d’un aspect négatif chez autrui, il doit continuer à conseiller et non se dire qu’il a déjà accompli son devoir en conseillant son frère une (ou plusieurs) fois. Car il s’agit en réalité d’une contribution à l’éducation dans le groupe qui doit être motivée par la volonté de plaire à Dieu le Très-Haut et apporter le bien à la société entière en participant à la dynamique de réforme sociale.

5 – Le miroir rend un service immense

Quand un individu se regarde dans un miroir, il voit l’image de sa personne. En général, il accepte ce reflet comme il est, ou soit comme le reflet de « sa » réalité. Il est donc conscient que l’action du miroir lui est grandement utile car le miroir l’informe des défauts éventuels sur son apparence qu’il n’aurait pas remarqués.

De la même manière, quand quelqu’un vient informer le musulman d’un aspect négatif qu’il a constaté chez lui, il devrait lui être reconnaissant de lui avoir ainsi permis de prendre connaissance d’une faiblesse dont il n’était peut être pas conscient et lui avoir donné ainsi la possibilité de se corriger. « Que Dieu fasse miséricorde à toute personne qui me fait cadeau de mes défauts.», nous enseigne Umar ibn al Khattab, que Dieu soit satisfait de lui, alors qu’il était calife.

6 – On ne casse pas le miroir quand le reflet ne nous plait pas

Quiconque constate un défaut sur lui en se regardant dans un miroir sait évidemment que le miroir n’est pas responsable de ce défaut. Il en va de même pour celui qui conseille le musulman par rapport à un trait négatif. La personne qui conseille n’est pas responsable du défaut pointé, elle ne fait qu’informer.

Ainsi, tout comme il serait insensé de s’emporter avec un miroir, il serait irresponsable de s’emporter envers son frère qui a accompli son devoir de bon conseil: Au contraire, il convient de prendre en considération et d’analyser dignement la remarque qui est faite.

Et même dans le cas où ce conseil n’est pas adressé correctement, le croyant doit y voir une opportunité de s’éduquer.

Le deuxième Calife, Umar ibn al Khattab, que Dieu soit satisfait de lui, nous enseigne aussi : « Ô gens, quiconque parmi vous voit en moi quelque déviance qu’il me rectifie. » Ce sur quoi un homme dans le public a répondu : « Par Dieu, fils d’al-Khattâb, si nous voyons en toi quelque déviance nous la rectifierons du tranchant de nos épées ! »

Texte largement inspiré de Muhammed Patel

 


[1] Coran, sourate al-Hûjurates, « les appartements », verset 11.

[2] Récit prophétique unanimement reconnue et rapporté d’après Abû Ruqayya Tamîm al-Dârî, que Dieu l’agrée

[3] Coran, sourate at-Tawbah, « le repentir », verset 71.

[4] Hadith apporté par Tirmidhi

 

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