Le guide paternel

Ramadan… je ne me souviens plus exactement à quel âge j’ai commencé à le faire mais je sais que c’est seulement il y a un peu plus d’une dizaine d’années que je prends conscience de toute sa dimension spirituelle.

Je pense qu’avant cela, j’en avais compris quelques facettes mais pas toute la globalité et je crois qu’en réalité, j’ai encore beaucoup à apprendre…

Lorsque j’étais petite et jeune fille, la dimension de s’abstenir de manger et boire était évidente et connue. La proximité avec le Saint Coran et sa lecture plus assidue et poussée ne m’étaient pas encore connue, mais je me souviens comme si c’était hier de ces merveilleux souvenirs de famille autour de la prière.

Je pense que nous avons tous le souvenir de ces moments de partage du repas où nos mamans faisaient des plats plus ou moins élaborés pour ravir nos papilles,  mais mon souvenir le plus grand du mois de Ramadan est celui d’après la rupture du jeûne, lorsque nous nous alignions ma mère, mes 3 sœurs, mon frère et moi derrière « notre guide » !

Il est tel le capitaine d’un bateau qui a échoué sur une terre inconnue. Un pays étranger, une culture étrangère, des coutumes différentes… Ce capitaine a essayé de toute ses forces de garder le cap : «  droit devant sur sirat el moustaquim ». Ne jamais flancher, ne jamais faiblir, ne jamais vendre son «  Dine ».

Notre guide dans la prière rassemble les corps et, par le rappel de Dieu , rassemble les cœurs. Il peut parfois être ferme, sévère et dur mais devenue adulte aujourd’hui, je pense qu’il avait peur… peur que les matelots qui composent sa petite famille ne s’échouent sur une terre obscure où l’âme se laisse aller à tous les plaisirs, là où l’âme s’abîme, la terre où l’âme s’oublie… C’était sa plus grande peur, sa plus grande crainte.

La prière en commun durant le mois de Ramadan par notre «  bien-aimé guide » était un moment fort. Devant nous, il nous apparaissait tel un géant, du haut de notre petit âge,  « notre guide » nous impressionnait et imposait le respect.

Ces moments de recueillement dans la prière unirent notre famille dans les valeurs de bonne conduite et de bonnes mœurs qu’inculque l’Islam. Nous n’étions pas une famille parfaite mais nous étions les enfants d’un « guide » reconnu pour sa piété et sa foi dans toute une ville et au-delà. Il a tenu bon ce cher capitaine et n’a pas laissé ses enfants voués à eux-mêmes dans les rues du quartier ou dans le monde tourmenté dans lequel nous vivons.

Ce guide paternel a pris le temps d’enseigner, de recommander, de rappeler à nos cœurs l’essentiel. Epaulé par une mère aimante et douce, qui contrastait avec la force de caractère de notre père, ils furent une équipe équilibrée qui nous prit par la main pour nous emmener vers le Divin.

Aujourd’hui, étant devenue moi-même mère, je me rends compte de tout ce que l’éducation des enfants demande comme efforts, investissements, contrôle de soi, remise en question et comme énergie déployée pour qu’ils n’oublient jamais la finalité de leur séjour sur cette terre. Et je pense que les moments propices de Ramadan, où la spiritualité rayonne dans les foyers, sont une étape importante pour la construction «  spirituelle » de nos enfants.

Ce sont les souvenirs du Ramadan, entre autres, qui s’ancrent dans les cœurs et les âmes des enfants en plein développement. La spiritualité inculquée aux enfants ne doit pas être seulement durant le Ramadan mais toute l’année mais il est vrai que le Ramadan dégage quelque chose que l’on ne retrouve pas durant les autres mois.

Il nous faut être «  des guides et des capitaines » pour nos enfants. Pas toujours évident, parfois difficile, parfois complexe mais possible. Par la prière en commun dans nos foyers avec nos enfants, nous faisons le travail qui est attendu de nous par Dieu, et c’est Lui exalté soit Son nom qui donnera les fruits et les résultats !

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