Le jour de Badr

Parler de Badr c’est parler d’un jour que Dieu qualifie de jour de discernement (forqâne). Bien que les aspects militaires mis en exergue par les historiens font que l’on parle de bataille, celle-ci n’est en effet qu’une circonstance éprouvante et extrême qui permet d’accentuer le contraste pédagogique entre deux comportements antagonistes.

D’une part, des croyants, qui au-delà des relations de causalité qui gèrent le monde, doivent faire preuve de foi en Celui qui est à l’origine même des lois de l’univers; et d’autre part, des gens qui utilisent la foi entre autres comme outil au service de valeurs profanes comme le profit. A l’aube d’une ère où Dieu a décidé de changer la donne et de retracer la Voie qui mène à Lui en envoyant l’ultime des prophètes (paix sur lui), le message devait être clair et le discernement sans faille.

Nous sommes le dix-sept du mois de Ramadan de l’an deux de l’hégire. Ce jour-là à Badr, les musulmans furent en nombre de 313 avec soixante-dix chameaux et deux chevaux. En effet ils n’étaient pas sortis livrer une guerre mais juste pour intercepter la caravane de Qurayche en provenance de la Syrie. Elle revenait avec la rente des ventes des biens des musulmans confisqués à la Mecque suite à leur départ forcé vers Médine.

Les Quraychites étaient en nombre de mille avec sept cents chameaux, et cent cavaliers. Les deux forces se sont affrontées au puits de Badr. Quand les musulmans virent l’armée ennemie dépêchée pour sauver la caravane, ils implorèrent Dieu et sollicitèrent Son soutien. Dieu exauça leur prières et leur envoya en renfort des anges : « Lorsque vous imploriez l’assistance de votre Seigneur, n’a-t-Il pas exaucé vos prières, en disant : ‘‘ je vous envoie en renfort mille anges qui déferleront par vagues successives’’ ? Et ce n’était là, de la part du Seigneur, qu’une heureuse annonce destinée à vous mettre en confiance, tant il est vrai qu’il n’y a que Dieu pour accorder la victoire, Il est Puissant et Sage ».

La victoire est un don de Dieu

Le jour de Badr confirme une vérité immuable et une loi bien établie, c’est que la victoire est un cadeau de la part du Seigneur qui dépend avant tout de Sa Volonté : « Nulle victoire si ce n’est de la part de Dieu » et « Si vous défendez la cause de Dieu, Il vous défendra »
A travers la manière dont le Prophète (paix sur lui) s’est comporté lors de cet évènement, l’origine de la victoire est formellement identifiée. Lorsqu’il a achevé les préparatifs militaires et mis au point les moyens logistiques, il s’en est remis à Dieu pour Lui demander Son soutien. Les mains vers le ciel il implore : « Ô mon Seigneur, réalise Ta promesse à mon égard ! Seigneur, que Ta promesse se réalise ! Seigneur, si cette troupe périt aujourd’hui, il n’y aura plus personne pour T’adorer ! » Il insista tellement et longuement, son manteau tomba de par-dessus ses épaules, jusqu’à ce que la révélation fut descendue pour le rassurer : Le grand rassemblement sera bientôt dispersé et mis en déroute.

Une foi inébranlable face aux épreuves

Les compagnons du Prophète, paix sur lui, ne s’attendaient pas à se heurter à l’armée de la Mecque. Le Prophète, paix sur lui, se retourna vers ses compagnons pour les consulter au sujet de cette évolution qui consiste à mener une batail en dehors des murs de Médine. En effet l’accord conclu avec les Ansars (habitants de Médine) stipulait la protection du Prophète, paix sur lui, à l’intérieur de Médine seulement. Plusieurs Mohadjirines (immigrants) manifestèrent, l’un après l’autre, leur entière disposition à relever ce défi avec le Messager, mais ce dernier, paix sur lui, voulait entendre plutôt l’avis des Ansars. Leur chef Saad bnou Mou’adh se prononça : « Messager de Dieu, nous avons cru en toi et nous avons témoigné que ton message est vrai et nous en avons donné notre pacte. Vas-y donc, Messager de Dieu, fais ce que Dieu t’a demandé de faire. Par Celui qui t’a envoyé avec la Vérité ! Si tu dois prendre la mer nous ne te quitterons guère, et aucun de nous ne manquera à l’appel, nous ne détestons pas la rencontre de notre ennemi et le tien. Nous patienterons dans la peine, et nous endurerons dans la confrontation. Peut-être que Dieu te fait voir par tes yeux ce que nous ne pourrons jamais voir. Voilà donc, nous te suivrons par la bénédiction de Dieu ».

Compter sur Dieu et se donner les moyens

Une des choses que le jour de Badr nous apprend est la réalité de cette dualité : Se confier à Dieu le Très Haut et déployer les moyens nécessaires. Dieu a créé l’univers avec des règles bien définies, mais Il est, en même temps, capable de faire disparaître ces mêmes règles pour Ses serviteurs les plus pieux et véridiques. Cependant, ce don divin ne vient pas sans fournir le moindre effort. Ayant conscience de cette dualité, la responsabilité du croyant est engagée plus que jamais.
Bien qu’il ait promis la victoire à ses compagnons, le Prophète, paix et salut sur lui, avait pris toutes les mesures matérielles nécessaires pour assurer la victoire (le choix du champ de bataille, la concertation des compagnons, s’informer de nouveau à propos de l’armée ennemie, réajustements de l’armée musulmane…), ensuite, mais également avant et pendant la bataille, le Prophète n’avait pas cessé d’implorer son Seigneur de lui accorder cette victoire.

La place de la concertation

La bataille de Badr a enraciné le principe de la concertation comme étant un principe incontournable de prise de décision, un fondement capitale du pouvoir, un aspect d’entraider dans le bien et un état d’esprit qui concrétise la participation active dans les affaires d’intérêt général. Lors de cette bataille, le Prophète (paix sur lui) avait consulté les compagnons à quatre reprises. Et ce afin de nous enseigner le fait que soumettre une idée au principe de concertation ne peut que l’enrichir et la rendre plus fiable.

Ramadan est le mois des grandes victoires

Ramadan était toujours un tremplin vers la réussite. Il n’était jamais un moment de morosité ou de paresse à cause de la difficulté due au jeûne. Au cours de l’Histoire, ce mois béni était le lit d’événements décisifs et édifiants pour la communauté musulmane.

Les anges de Badr

« Les anges de Badr sont toujours prêts, disposés, et n’attendent que des Hommes à l’instar des hommes de Badr » dit un savant. Que Dieu nous compte parmi ces Hommes !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page