Vie du Prophète (paix et salut sur lui) : prémices d’un nouveau Message

Au VIe siècle de l’ère chrétienne, les foyers de lumière de la guidée s’étaient éteints en Orient et en Occident. Le mazdéisme régnait en Perse, en Inde, en Chine et en Arabie, auquel s’opposait le christianisme puisant ses dogmes dans les légendes indiennes et égyptiennes. Un polythéisme nuancé d’unité combattait un polythéisme pur. Ainsi, cet Homme, homologué par Dieu en tant que lieutenant sur Terre, devint un esclave assujetti à ce qu’il y a de plus vil sur celle-ci. Que pouvait-il advenir dès lors que les bêtes étaient sanctifiées, le bois et la pierre adorés ?

La Mecque, berceau des idoles

La Mecque, centre de l’Arabie, attirait les pèlerins de tous les points de la terre. Abd Al Muttalib, de par sa fonction d’hôte des visiteurs de la Kaaba, avait une conscience particulièrement aiguë de leur bien-être au sein de cette ville. Honorer ces invités revenait à honorer leurs croyances et objets de cultes, à tel point que la Mecque finit par accueillir près de 360 idoles, images ou statues. La certitude dans la bénédiction des idoles était ancrée dans les traditions depuis de nombreuses générations. Presque chaque foyer mecquois possédait sa divinité qu’on frottait de la main pour en obtenir quelques grâces. La Mecque ne fut pas exceptionnelle à cet égard car ces pratiques étaient répandues dans toute l’Arabie.

Il existait cependant un petit groupe de croyants maintenant la pureté du culte abrahamique et considérant le polythéisme comme une dangereuse innovation dont il fallait se garder. Waraqa Ibn Nawfal faisait partie de ces hunafas qui, après avoir étudié les Ecritures et la théologie, attendaient impatiemment la venue d’un messager.

« Qui est meilleur en religion que celui qui soumet à Dieu son être, tout en se conformant à la Loi révélée et suivant la religion d’Abraham (hanifa), homme de droiture ? Et Dieu avait pris Abraham pour ami privilégié. »(1)

« Dis : moi, mon Seigneur m’a guidé vers un chemin droit, une religion droite, la religion d’Abraham, le soumis exclusivement à Dieu (hanifa) et qui n’était point parmi les associateurs. »(2)

Les rumeurs s’étaient propagées parmi les détenteurs des premiers Livres sacrés sur l’imminence de l’apparition d’un prophète. Elles se justifiaient par des signes avant-coureurs, notamment le fait qu’habituellement les Messagers se succédaient à intervalles assez courts. Certains furent même contemporains dans des contrées voisines, voire parfois, dans la même contrée. Cependant, ce ne fut pas le cas depuis Jésus (paix sur lui) : près de six siècles s’écoulèrent après sa mission sans qu’il n’y ait de nouveau prophète. Plus le monde s’emplissait de corruption, plus les regards étaient portés sur ce réformateur.

La clairvoyance divine

Dieu, par Sa sagesse, porta Son choix sur la presqu’île arabique dans le dessein d’en faire le berceau de l’Islam. Sa situation géographique, au milieu des nations avoisinantes, la rendait apte à devenir le théâtre de cette mission. L’Arabie était le seul pays au sein duquel les trois puissances continentales, Europe, Afrique et Asie, avaient des intérêts économico-politiques. La position centrale de la Mecque fut appropriée pour permettre à cette ville de devenir le point de départ d’un mouvement universel. L’expansion de l’Islam dès la prophétie, puis sous l’autorité des Califes bien-guidés, en est d’ailleurs un fait probant.

De plus, Dieu élut comme porteur de Son message un homme orphelin et illettré, en vue de dissiper les accusations d’une quelconque influence parentale, ou encore d’une inspiration des Ecritures précédentes. Il porta Son choix sur un homme réputé pour ses bonnes mœurs. En effet, avant sa mission, les Arabes considéraient Mohammad (paix et salut sur lui) avec révérence : ils le nommaient Al Amin (le digne de confiance), sollicitaient ses conseils et son aide, notamment dans les situations tendues, tel que le placement de la pierre noire lors de la reconstruction de la Kaaba. Toutefois, ils ne s’imaginaient pas que la Vérité allait émaner de la bouche de cet homme, illustre pour ses qualités certes, mais tout à fait ordinaire. Ils ne voyaient en lui que ce que l’enfant observe de la mer, attiré par sa surface paisible mais incapable d’en sonder les profondeurs.

« Ce fut très certainement un très grand homme qui forma de grands hommes… Il joua le plus grand rôle qu’on puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes. »(3)

Notes

(1).Sourate 4, verset 125.

(2).Sourate 6, verset 161.

(3).VOLTAIRE, Essai sur les mœurs.

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