L’amour et l’engagement

L’action est indissociable de l’amour en Dieu « Offrez-vous des cadeaux, vous vous aimerez » « Serrez-vous la main et vous vous aimerez » « Si tu aimes ton frère, cours donc le lui dire ! ». Difficile aujourd’hui, la théorie devance le concret et s’installe dans nos habitudes. Nous nous aimons mais nous nous évitons. L’amour en Dieu survit dans les assises, moment serein dont les anges se nourrissent, couvain des sentiments sains, prêts à être semés sur le monde.

Lorsque vient le moment de tension, le rush, lorsque les hommes entourent les croyants comme autour d’un plat, que le moindre manquement devient dramatique pour un groupe, que les égos sont expulsés de leur léthargie, la véritable affection apparaît. On se soustrait aux tâches pour souffler un peu, on reproche à ses frères leur injustice, et on garde en soi rancune d’une parole ou d’un acte blessant. Pendant la bataille d’Ohod, les infirmières parcouraient le champ de bataille pour abreuver d’eau les blessés. Chaque blessé estimait que son frère en avait le plus besoin et renvoyait l’infirmière vers celui-là jusqu’à ce qu’un des blessés dirige l’infirmière vers le premier et qu’elle le trouva sans vie.

C’est ici que l’amour en Dieu s’exauce et monte à Dieu, soutenir un frère d’arme étant submergé malencontreusement, lui proposer de se reposer, le couvrir et se sacrifier pour lui, obéir à des ordres par amour en Dieu, ceci tisse des liens à jamais entre les activistes. C’est pourquoi il faut stimuler l’amour en Dieu et rappeler qu’il sera éprouvé pendant l’action, malmené.

L’amour en Dieu et la bienséance

L’amour et la sagesse sont les deux qualités cardinales des affluents de la foi. L’amour étant la composante infinie et immatérielle, la sagesse représentant la solidité de cet amour et l’affermissant en le justifiant. C’est le tronc commun de toute aspiration imanique.

Le travail en groupe nous fait apparaître les relations d’amour en Dieu lorsque les contraintes viennent peser sur le corps des croyants. Les égos sont éprouvés et une autre personnalité surgit de soi. La bienséance est une sagesse de l’attitude. Elle permet à l’amour de s’enraciner par magnétisme grâce au comportement de ses frères et sœurs. Elle est une preuve de l’amour en Dieu. Le respect est le degré moindre de la bienséance. Respecter ses rendez-vous, ses engagements, ses limites et ses capacités. Participer au souci du groupe et offrir de sa personne et de ses moyens suivent ensuite. Invoquer Dieu avec force et combattre pour le succès nous rapproche du sommet auprès de Dieu.

Les engagés doivent s’auto-soumettre à une vigilance quant à leur attitude. Une personne dont le cœur est atteint risque de devenir un soldat de moins, lourde perte. Donc toute vigilance est de mise pour conserver l’amour dans le groupe.

L’amour en Dieu et la gestion des conflits

Les conflits sont le lot commun à tout groupe de personnes. Le but est de les contrôler. Trop de conflits brisent la fraternité et privent de la miséricorde de Dieu. Mais  une absence de conflit nous fait paraître un faux semblant d’harmonie, or il n’y a pas deux empreintes digitales identiques. La différence de vision est une clémence quand elle baigne dans l’amour de Dieu. Il est donc naturel que plusieurs personnes ayant un vécu et un présent différents penchent pour des avis ou des solutions opposés. C’est aussi l’occasion d’enrichir le panel de choix ou d’affermir des fondements.

Les mésententes peuvent aussi faire émerger des problèmes que l’on aurait négligés ou encore étouffés. Nous avons affaire à des tempéraments propres à chacun. Nous ne pouvons simplifier les solutions en appelant à la patience. Et il ne faut pas hésiter, avec sagesse, à sensibiliser un équipier sur le tort qu’il a commis et à réconforter, avec amour, un membre blessé. Ainsi, le Prophète, paix et salut sur lui,  n’hésitait pas à faire montrer son mécontentement, mais il le faisait avec bienséance et retenue. De même, il jugeait si le manquement était volontaire ou inconscient et réagissait en conséquence. Ainsi un bédouin s’approcha de la mosquée et urina sur un de ses murs. Alors que les compagnons, atteints profondément par cette offense, voulurent le saisir, le Prophète, paix et salut sur lui,  leur ordonna de le laisser finir. Ensuite, il se dirigea vers lui et lui caressa la tête en lui expliquant avec douceur et pédagogie la sacralité de la mosquée, sans lui reprocher directement son acte. Cette attitude mêlée de douceur et de sympathie envers un homme rustre est un exemple de patience lors de l’enseignement. Il a interdit de laisser deux musulmans en conflit et élevé la réconciliation au-dessus des actes obligatoires « Les croyants ne sont que frères. Amenez donc la paix entre vos deux frères. » (sourate, les appartements, V10)

Et de même la mésentente entre Bilal et Abou Dharr a enraciné l’amour dans leur cœur. La réprimande bien placée du Prophète, paix et salut sur lui,  « Tu as encore des traces de la Jahiliyya » a sensibilisé notre compagnon à l’égalité des hommes et a fait de lui le porte parole des opprimés  et de la justice sous les régimes partiaux.

L’amour en Dieu par la pensée

« L’un d’entre vous n’est pas croyant tant qu’il n’aime pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même »

Le souci collectif, l’altruisme, est une obligation pour le croyant. Son sentiment de peine pour les opprimés, sa préoccupation pour ses parents, sa participation à l’établissement de la justice et enfin l’invocation en faveur de la Oumma le rappellent à la communauté des croyants et à relativiser ses ambitions personnelles. Dans le cadre d’un projet, le souci est le ciment qui lie les activistes. Ainsi, c’est le souci qui lie le chercheur en cosmétique et le responsable marketing chez l’Oréal. Et le souci lie les membres d’une équipe de foot. Sans souci, la trahison s’installe. Le souci se manifeste aussi par rapport à notre attitude, la présence aux réunions, la préparation du travail demandé. Que Dieu nous unisse dans le souci de Le servir et élever Son Verbe au plus haut !

L’amour pour surmonter les obstacles

« Quiconque enlève un caillou du chemin, cela sera enregistré comme une bonne action (hasana) et quiconque a une bonne action à son actif habitera la paradis » nous enseigne le Prophète, paix et salut sur lui.

Le groupe idéal fonctionne comme un corps. De même que si la peau d’une personne le démange, la main se mobilise pour le soulager, les membres doivent rester vigilants quant aux besoins d’un groupe. Ceci ne signifie pas qu’il faille négliger son rôle et empiéter sur le terrain du voisin, mais c’est une manifestation fraternelle du souci pour l’autre. Oter l’écueil signifie aussi couvrir des manquements collectifs ou individuels en comblant un vide ou en réparant un mal de manière discrète. Pour éviter d’annuler cette action, il ne faut pas adresser de reproche brutal et accusateur à la personne négligente. Mais il faut s’adresser à elle de manière douce, de façon à ce qu’elle se reprenne et attise sa vigilance. « La religion, c’est la nasiha… (Le conseil, l’assistance, la sincérité, la loyauté,…) ».

S’aimer dans la concurrence, rivaliser d’ardeur

Lorsque l’on part d’une base saine qui est l’amour en Dieu, nous pouvons y cultiver des qualités qui peuvent paraître néfastes, voire dangereuses chez le commun des mortels. La concurrence est une notion qui fait référence, dans le monde moderne, à des intérêts personnels, comparés par mesquinerie à son prochain. Mais dans la sphère lumineuse des croyants, la concurrence est vue comme une bénédiction. Elle permet, dans une entente fraternelle et désintéressée, de se stimuler. Elle est couramment utilisée pour l’apprentissage du Coran et des sciences, le Rappel de Dieu, et même la salutation. « Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui se saluent, et les meilleurs de ceux qui se saluent sont les premiers. » « L’homme le plus digne de l’amour de Dieu est celui qui salue le premier ».

L’ardeur est un des fruits individuels de la concurrence. C’est une réaction naturelle de fougue et d’énergie positive, parfois liée à l’émotion. C’est un stimulant parfois désinhibant qui aplanit toute barrière mentale ou réticence sur notre sentier.

C’est l’ardeur qui fit sortir les premiers croyants de la maison d’Al Arquam, Dieu rajouta l’ardeur et la sérénité aux croyants le jour de Badr et c’est toujours l’ardeur qui ravive l’esprit de résistance des croyants de Palestine. D’ailleurs l’ardeur, c’est Hamas en arabe !

Néanmoins l’ardeur a cette contrepartie qu’elle inhibe la raison en laissant les pleins pouvoirs au cœur. C’est un risque, d’autant que la société moderne ne comprend pas ces réactions sentimentales. De plus, l’empiètement et la négligence de règles de base peuvent même perturber le groupe et annuler les bienfaits de cette ferveur. Il incombe donc au responsable d’être vigilant tout en étant souple.

Un commentaire

  1. salem alaykoum merci pour ce très beau rappel attention cependant lorsque vous dîtes : “[I] a interdit de laisser deux musulmans en conflit et élevé la réconciliation au-dessus des actes obligatoires « Les croyants ne sont que frères. Amenez donc la paix entre vos deux frères. » (sourate, les appartements, V10)[/I][/I][/I][/I], ici certes le prophète a interdit le conflit et imposé la réconciliation entre musulmans mais illustrez- le par un hadith non un verset ou alors dites ALLAH a interdit…
    fraternellement.

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