Les divergences sur le début et fin de Ramadan entre jurisprudence et calcul astronomique

Cet article ne se veut pas forcément un article d’astronomie théorique même si ce n’est pas l’envie qui nous manque d’expliciter davantage certains phénomènes afin d’approfondir notre compréhension du sujet lié au croissant lunaire.

 

A l’approche de Ramadan, nombreux sont ceux qui pensent aux belles paroles prophétiques relatant le mois sacré, telle que celle rapportée par Abû Hurayrâ lorsque le Messager de Dieu – sur lui la Grâce et la Paix – a dit :

« Tout acte du fils d’Adam lui appartient sauf le jeûne (çawm) car le jeûne est à Moi et c’est Moi qui rétribue par lui. Le jeûne (çiyâm) est protection, et quand vient pour l’un d’entre vous un jour de jeûne (çawm), qu’il ne tienne pas de propos indécents et qu’il ne vocifère pas. Si quelqu’un l’insulte ou l’agresse, qu’il dise : « Je jeûne, je jeûne (Innî çâ’imun)… »

« Le Ramadan est venu à vous ! C’est un mois de bénédiction. Dieu vous enveloppe de paix et fait descendre la miséricorde. Il décharge des fautes et Il exauce les demandes. Dieu vous regarde rivaliser d’ardeur dans ce but et Il se vante de vous auprès de Ses anges. Montrez à Dieu le meilleur de vous-mêmes, car est bien malheureux celui qui est privé de la miséricorde de Dieu, Puissant et Majestueux ! » (Rapporté par Ibn Majah)

Bien sûr l’enthousiasme est vite rattrapé par le problème récurrent de l’observation du premier croissant lunaire qui marque le début et la fin du jeûne du mois de Ramadan.

Cette observation qui marque le début et la fin du mois est un problème antique auquel se trouve confronté le monde musulman depuis des décennies, et qui ne semble pas vouloir disparaître malgré toutes les avancées scientifiques, devenant de nos jours de plus en plus visible avec le développement de la communication.

Dans un de ses numéros de 1995, Ciel & espace, magazine scientifique, affiche une ironie à peine dissimulée : « Notons par ailleurs qu’observer le premier croissant le soir même du 1er mars, c’est-à-dire moins d’une dizaine d’heures après la Nouvelle Lune, relève de l’exploit ! »

Ce problème est-il lié à une difficulté scientifique pour trouver une solution ?

Nous discuterons tout au long de notre étude, qui s’étalera sur plusieurs parties, des termes de cet éternel problème qui se trouve évoqué avec acuité à la veille de chaque mois de Ramadan, tant d’un point de vue scientifique que dans sa dimension juridique (fiqh).

Comment en est-on arrivé à des situations frisant le ridicule où toute une communauté est tenue en otage par cette annonce du mois de Ramadan qui vient quand bon lui semble ?

Ce qui paraît encore plus surprenant, c’est que malgré les formidables avancées scientifiques et les progrès de l’astronomie, devenus à la portée de tous, la procédure adoptée par quelques pays musulmans reste, elle, parfois étonnante, surtout lorsqu’ils prétendent avoir vu le croissant lunaire alors qu’il n’existe pas encore… très souvent il n’était pas encore né !

Pour notre part, nous avons décidé de faire une étude qui explicitera les différentes sources de divergences qui on donné lieu à ces situations. Cette étude comportera plusieurs parties afin de mettre à la disposition du lecteur passionné ou moins passionné une information détaillée du phénomène lunaire.

Ne pouvant pas faire abstraction de l’astronomie pour traiter ce sujet, nous nous proposons pour cette première partie de faire une introduction aux connaissances de base, nécessaire à la compréhension du sujet.

En deuxième partie nous parlerons de plusieurs savants médiévaux, entre le VIIIe et le XIe siècle, qui se sont attachés à résoudre scientifiquement la question : Ibn Tariq, Al-Khwarizmi, Al-Battani, Tabari, Ibn Yunus… car l’astronomie était l’une des disciplines de prédilection de nos prédécesseurs.

Ensuite nous traiterons de la partie juridique et des différents points de vue des savants musulmans.

Partie I – Astronomie de base

Rappel important des règles du début du mois lunaire

· L’année compte douze mois lunaires.

· Chacun de ces mois commence au premier croissant visible de la Lune après la conjonction.

· Le mois dure jusqu’à la réapparition du prochain croissant visible, cet intervalle s’étalant sur 29 ou 30 jours (jamais plus ou moins).

I – Les astres

Toutes les planètes dont la Terre tournent autour du Soleil.

La Lune, satellite(1) naturel de la Terre, tourne autour de la Terre.

Le soleil est la seule étoile visible du système solaire, elle est la seule source de lumière. La Lune se contente seulement de réfléchir la lumière du Soleil.

(1) Qu’est-ce qu’un satellite : objet ayant un mouvement de révolution autour d’une planète.
Il peut être naturel (Lune, Io…) ou artificiel (Météosat, TDF1…).

II – Le mouvement des astres

Le plan de l’orbite de la Terre autour du Soleil s’appelle l’écliptique.

Si nous nous positionnons à la verticale du Soleil par rapport à ce plan, le trio Soleil-Terre-Lune apparaît comme sur la figure 1.

La Lune tourne autour de la Terre sur une orbite elliptique.

Ni la Terre ni la Lune ne parcourent un cercle. En effet, il s’agit d’une ellipse comme nous pouvons le voir sur la figure 2.

Là aussi, les proportions ne sont pas respectées puisque ces ellipses sont très proches du cercle. En ce qui concerne la Lune qui nous intéresse particulièrement, la distance Terre-Lune varie entre 356 400 km et 406 700 km.

La projection de la Lune dans le plan de l’écliptique se trouve exactement sur une ligne fictive passant par la Terre et le Soleil. Vue depuis la Terre, la face éclairée de la surface lunaire se trouve dans la direction opposée à la direction de la Terre. La Lune est donc complètement invisible pour un observateur. C’est la nouvelle Lune. 

On dit alors que la Lune et le Soleil sont en conjonction et la Lune se couche et se lève presque en même temps que le Soleil.

Cas particulier : une éclipse totale du Soleil n’est pas autre chose qu’une « nouvelle Lune visible ». Pour information la lune a éclipsé le Soleil le 1er août 2008, c’était la nouvelle lune astronomique pour le mois de cha’bane.

Comme vous l’avez vu cet article ne se veut pas forcément un article d’astronomie théorique même si ce n’est pas l’envie qui nous manque d’expliciter davantage certains phénomènes afin d’approfondir notre compréhension de celui lié au croissant lunaire. Ces notions fondamentales suffisent néanmoins pour la compréhension de la suite de notre étude.

Pour terminer nous allons faire un petit résumé de compréhension générale.

L’âge de la Lune

C’est l’intervalle de temps compté en jours et heures depuis la nouvelle Lune. Par exemple, on dit que la Lune est âgée de 14 jours lors de la pleine Lune.

Nouvelle Lune ou Mahaq en arabe ?

C’est la phase de nouvelle Lune. Normalement la nouvelle Lune est un instant précis. Par exemple, la nouvelle Lune pour le mois de cha’bane a eu lieu le 1 août 2008 à 10h13m UT.

Il n’en reste pas moins vrai que, pour un observateur sur Terre, la Lune ne sera pas visible pendant un certain temps qui varie d’environ 30 heures (15 heures avant la nouvelle Lune et 15 heures après) à approximativement 50 heures. C’est cette période de « disparition » complète de la Lune quelque soit le lieu d’observation qu’on appelle Mahaq en arabe.

Où chercher le premier croissant lunaire

Nous avons vu plus haut que lorsque la Lune et le Soleil sont en conjonction, la Lune se couche presque en même temps que le Soleil. Pour voir le premier croissant de Lune, il nous suffira donc, après avoir consulté un éphéméride donnant la date et l’heure de la nouvelle Lune (le site de l’IMCCE par exemple), de regarder chaque soir, une quinzaine de minutes après le coucher du Soleil, à droite et à gauche de l’endroit où il s’est couché pour apercevoir le croissant qui marquera le début du mois.

N’oublions pas que la Lune elle-même est en train de se coucher et qu’après le premier croissant visible, elle disparaîtra vite sous l’horizon.

Combien de temps s’écoule-t-il en moyenne entre deux nouvelles Lunes ?

Cette « révolution synodique moyenne » (ou lunaison moyenne) dure 29,530588 jours soient 29j 12h 44mn 2,8s. Bien que ce ne soit pas notre propos, notons que cette lunaison ne correspond pas au temps moyen que met la Lune pour faire le tour de la Terre et revenir au même point (par rapport à une étoile). Cette révolution, dite « sidérale moyenne », est de 27,321661jours.
Il convient d’insister sur le fait que ces durées sont des durées moyennes et que les durées réelles (celles qui nous concernent dans l’observation du premier croissant) peuvent varier de +/- 7h par rapport aux moyennes.

Les mois peuvent-ils avoir une longueur différente ?

Bien entendu. Entre deux premiers croissants il peut se passer 29 ou 30 jours et il se peut même que l’on compte plusieurs fois successivement 29 ou 30 jours.

Peut-on calculer le moment de la nouvelle Lune avec précision ?

Oui, sans aucun doute. Même si La Lune est capricieuse dans sa trajectoire et ses déplacements, les raisons des perturbations de ces derniers sont parfaitement connues et calculables.

Quels sont les phénomènes qui empêchent de voir Hilal (1er croissant) ?

Ils sont nombreux et peuvent être dus :

· Au manque d’habitude de l’observateur et/ou à son manque d’acuité visuelle

· A l’environnement ambiant (trop de lumière dans une ville, pollution, température de l’air au sol, horizon caché…)

· Au temps (ciel nuageux ou couvert…)

Quel est l’âge de la Lune lors de la visibilité du premier croissant ?

Il n’y a pas de réponse précise. Cet âge dépend en fait de la valeur d’un angle virtuel qui est formé entre le Soleil, l’observateur et la Lune (l’observateur étant au sommet de cet angle). On estime que cet angle (élongation) doit être de plus de 9° environ pour que la Lune soit assez éloignée du Soleil et que le croissant ne soit pas « noyé » dans la lumière du Soleil.

La visibilité du premier croissant dépend de plusieurs paramètres dont :

– L’angle de dépression du Soleil sur l’horizon (h sur le schéma)
– L’élongation (E sur le schéma)
– L’écart d’azimut Lune-Soleil (a sur le schéma)
– La distance Terre-Lune qui modifie le diamètre apparent de la Lune.

Les éphémérides

On appelle phénomène astronomique une configuration particulière des astres que l’on peut prévoir. Il peut être perceptible sans instrument d’observation (éclipse de Lune ou de Soleil, lever d’un astre…). Les éphémérides vont donc prévoir ces phénomènes. Dans certains cas (éclipses de Soleil, lever et coucher d’un astre comme la Lune), la visibilité du phénomène est locale et les paramètres publiés dans l’éphéméride seront généraux. Il faudra prévoir des tables, des formules avec coefficients ou des graphiques pour savoir ce qui se passe dans un lieu précis.

Les principaux phénomènes donnés sont :

  • les levers et couchers des astres
  • les éclipses de Soleil et de Lune

Ces notions fondamentales d’astronomie effectuées, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet. Notre prochaine partie, importante elle aussi, traitera d’un peu d’histoire. On y verra notamment comment ce problème a été traité et pensé par de nombreux savants.

Du IXe au XIVe siècle de notre ère, une lignée florissante va s’installer en Orient…

De Bagdad à Marâgha, les astronomes arabes n’auront de cesse d’améliorer l’oeuvre de Ptolémée, dont ils sont les héritiers directs, et d’établir pour la première fois un lien explicite entre théorie et observation.

Du IXe au XIVe siècle de notre ère, une lignée florissante va s’installer en Orient…

De Bagdad à Marâgha, les astronomes arabes n’auront de cesse d’améliorer l’oeuvre de Ptolémée, dont ils sont les héritiers directs, et d’établir pour la première fois un lien explicite entre théorie et observation. Véritables chaînons manquants de l’histoire du ciel, ils rayonneront bien au-delà de leur sphère d’influence et jetteront les bases de la future astronomie.

Pour notre étude, nous retracerons les dires de certains savants qui se sont attachés à l’étude du croissant.

Ibn Tariq (VIIIe siècle) : selon lui, l’observation du nouveau croissant est possible si une des deux conditions suivantes est remplie (toujours au moment du coucher du Soleil) : soit le délai entre le coucher du Soleil et celui de la Lune dépasse 48 minutes et l’angle entre les deux astres est supérieur à 11.25°, soit le délai est supérieur à 40 minutes et l’angle apparent dépasse 15°.

Un autre critère également important, utilisé par Tabari(6) (XIe siècle), stipule que le croissant pourra être vu si, au moment du coucher de la Lune, le soleil dépasse une certaine dépression (hauteur au-dessous de l’horizon local). Une valeur critique de 9.5° est souvent adoptée pour cette dépression minimale. Des critères plus complexes combinant plusieurs conditions supplémentaires ont également été envisagés.

Al-Battani (850-929) introduit ainsi dans ses calculs l’azimut et la distance Terre-Lune.

Ibn Yunus(7) (XIe siècle), pour sa part, considère l’épaisseur du croissant ainsi que la vitesse orbitale de la Lune. Il a également évoqué pour la première fois l’importance des conditions météorologiques et des aptitudes visuelles de l’observateur. Il n’en reste pas moins que les critères de visibilité adoptés traditionnellement, qui ont tous été de nature astronomique, se sont révélés en définitive peu satisfaisants.

Une analyse de 201 résultats d’observation du nouveau croissant s’étalant sur plus de cent trente années a montré, par exemple, qu’un délai d’au moins une demi-heure est généralement nécessaire entre les couchers du Soleil et de la Lune(8) ; mais elle a aussi révélé l’intervalle le plus court jamais enregistré : 22 minutes seulement.

Le test du critère concernant l’âge du croissant (temps écoulé depuis la conjonction) a également été battu en brèche. Cette fois-ci semble-t-il surtout par des amateurs de performances.

Le record de la plus jeune lune observée à l’oeil nu, détenu par l’astronome Julius Schmidt depuis 1871 (15 h 24 min), a ainsi été battu en 1990 par John Pierce(9) : il est maintenant de 15 heures tout juste.

Et en 1996, Jim Stamm(10), utilisant un télescope de 20 cm de diamètre, place la barre (à l’aide d’un instrument) à 12 h 6 min…

Les astronomes n’ont cependant pas attendu ces discordances extrêmes pour tenter de dépoussiérer les anciens critères. Se fondant sur 76 observations rassemblées à Athènes, principalement par Julius Schmidt entre 1859 et 1880, un astronome de l’observatoire de l’université d’Oxford, James Fotheringham (1874-1936), a ainsi proposé, dès 1910, un nouvel algorithme simple de prédiction. Celui-ci se révèle en fait assez similaire aux critères posés par les astronomes de l’Islam : il est lui aussi fondé sur des considérations purement géométriques des positions relatives du Soleil, du croissant et de l’observateur.

Le critère de Fotheringham stipule que le croissant est visible si l’arc de vision est supérieur à une limite qui dépend de l’azimut de la Lune par rapport au Soleil. Pour un azimut nul, cette limite est de 12°, mais elle se trouve réduite à 10° lorsque l’azimut est de 20°.

En 1932, l’astronome André Danjon a, quant à lui, proposé une méthode(11) fondée sur une relation entre la longueur du croissant et l’angle séparant la Lune du Soleil.

Son critère, dit des 7°, sera pendant un temps très largement utilisé pour la prévision du nouveau croissant par les instances islamiques officielles.

Plus près de nous, en 1984, Mohammed Ilyas, un physicien de l’université des Sciences de Malaisie, a amélioré le critère de Fotheringham en traitant, cette fois, la question d’un point de vue plus large.

Pour cela, il a considéré tout le globe terrestre et, prenant un par un quelques 300 points au total, il a pu faire ressortir une ligne de séparation, qu’il appelle ligne de date lunaire(12). A l’Ouest de cette ligne, le croissant est visible le soir du nouveau mois, alors qu’à l’Est il ne peut être vu que le soir suivant.

Les observations de Schmidt, faites à Athènes au XIXe siècle, par exemple, ne pouvaient pas mener à un critère général valable aussi bien en Arabie Saoudite, en Malaisie ou en Argentine.

En 1977, Franz Bruin, un chercheur de l’observatoire de l’université américaine de Beyrouth, a bien tenté de dépasser les critères purement astronomiques de ses prédécesseurs en y ajoutant des considérations sur le contraste de brillance entre le croissant lunaire et le ciel et sur la limite de détection de l’œil humain.

Mais si le modèle de Bruin apporte effectivement un progrès, il repose encore en partie sur des bases empiriques et ne tient pas compte des conditions d’observation locales. On sait que les conditions d’observation (pollution, humidité, température de l’air, altitude…) sont très différentes d’un lieu à un autre et d’une époque à une autre.

Or, en la matière, elles apparaissent déterminantes, comme l’a montré, en 1988, Bradley Schaefer, un astrophysicien de la NASA (aujourd’hui à Yale). Ce chercheur a donc proposé d’améliorer l’algorithme de Bruin en ajoutant à la prise en compte de tous les effets de mécanique céleste et de physiologie ceux de la météorologie locale : absorption et extinction des rayons lumineux en provenance de la Lune, température au sol, humidité du site d’observation, effets saisonniers…

Restait à tester les différents modèles en les confrontant aux observations.

D’un côté, à l’initiative d’Ilyas, un réseau a ainsi commencé à se constituer à partir de 1989, à travers la plus grande partie possible du monde musulman. De l’autre, cinq campagnes d’observation ont également été menées aux Etats-Unis à l’instigation de Schaefer entre 1987 et 1990, avec le soutien des médias américains.

Les résultats obtenus se sont révélés assez impressionnants : pas moins de 2 500 volontaires ont participé à l’aventure. Ce qui s’est traduit par une amélioration immédiate de la liste des observations indépendantes et fiables faites depuis 1859. Leur nombre est passé de 201 à 251.

Désormais, la communauté n’étant plus analphabète et comptant parmi elle des spécialistes en astronomie, il est possible de déterminer avec précision le début du mois. Ainsi, la raison d’être de la vision, à savoir l’analphabétisme, étant désormais inexistante, le calcul astronomique se substitue alors à la vision vu qu’il apporte la certitude.

Vu qu’il s’agit de la jurisprudence islamique, voici d’abord trois textes de référence qui constituent le socle des différents avis sur le sujet.

Ibn Omar, que Dieu l’agrée, rapporte : « J’ai entendu le Prophète, Paix et Bénédiction sur lui, dire : « Jeûnez à sa vision [du nouveau croissant lunaire] et rompez le jeûne à sa vision. Si le temps est couvert, évaluez-le. » (Rapporté par Al Boukhari)

Ibn Omar rapporte aussi ces propos du Prophète Mohammed, Paix et Bénédiction sur lui, concernant le mois de Ramadan : « Ne jeûnez pas avant que vous ne voyez le croissant et ne rompez pas le jeûne avant que vous ne le voyez. » (Rapporté par Al Boukhari)

Par ailleurs, Abou Horayra, que Dieu l’agrée, rapporte : « Le Prophète, Paix et Bénédiction sur lui, a dit : « Jeûnez à sa vision [du croissant] et rompez le jeûne à sa vision. Si le temps est couvert, complétez trente jours de Cha’bane. » (Rapporté par Al Boukhari et Mouslim)

En se basant sur ces hadiths, les savants ont tiré trois conditions différentes qui déterminent le début et la fin du mois de Ramadan :

I-La vision du croissant lunaire par un témoin crédible (Adl).

II-Accomplir trente jours de Cha’bane.

III-Evaluation du croissant lunaire.

En voici les détails et explications.

1- La vision du croissant lunaire

Plusieurs avis émergent en fonction du nombre de témoin ayant vu le croissant lunaire :

· La vision du croissant lunaire par au moins un seul témoin crédible (Adl) : d’après le hadith rapporté par Ibn Omar : « Les gens se sont mis à observer le croissant lunaire, et j’ai informé Le Prophète, Paix et Bénédiction sur lui, que je l’ai vu. Alors il a jeûné et recommandé aux gens de jeûner. »

· Exiger la vision du croissant lunaire par au moins deux témoins crédibles : Al Hossayne Ibn Hourayth Al Jadly rapporte : « Dans un prêche, le gouverneur de la Mecque Al Harith Ibn Hatib nous a dit : « Le Prophète, Paix et Bénédiction sur lui, nous a recommandé de jeûner à la vision du nouveau croissant. Mais si on ne le voit pas alors que deux témoins l’ont vu, on jeûne de par leurs témoignages. » Cet avis trouve aussi un appui sur la règle régissant la validité du témoignage qui impose toujours un minimum de deux témoins.

· Circonstancier la validité des témoignages : Les hanafites imposent la vision par un groupe conséquent dans le cas où le ciel est clair. Si le ciel est couvert, rendant ainsi difficile l’observation du croissant, les hanafites acceptaient le témoignage d’une personne qui aurait vu le croissant malgré la difficulté.

La vision induit-elle une certitude ou une présomption ?

La vision est certaine pour celui qui a vu de ses yeux le croissant lunaire. Cependant, pour les autres, le témoignage constitue une présomption. Les divergences entre les savants sur le nombre de témoins requis illustrent bien le caractère présomptif de la vision.

Les musulmans sont-ils obligés de suivre la vision d’un autre territoire ?

En se basant sur le hadith susmentionné « Jeûnez à sa vision [du croissant] et rompez le jeûne à sa vision… », les savants des trois écoles (malékite, hanafite et hanbalite) considèrent que le jeûne du mois de Ramadan sera dû pour toute la communauté musulmane dès qu’une région aperçoit le nouveau croissant. Ainsi, les déphasages des visions selon les lieux d’apparition du nouveau croissant ne sont pas pris en compte. Ceci, expliquent-ils, parce que le sens du texte est large et englobe lieux et personnes sans distinctions. C’est là l’application d’une règle fondamentale de la jurisprudence que lorsque la formulation d’un texte coranique ou prophétique est globale, alors elle s’applique à l’ensemble du genre concerné tant qu’il n’y a pas un texte authentique qui le limite ou le précise. C’est bien le cas pour ce hadith.

Les savants de l’école Chafiites, quant à eux, se basent sur le récit de Kurayb rapporté par Ahmed, Mouslim et Thirmidi :

« Kurayb a rapporté qu’Um Al-Fadhl Bint Al-rith l’a envoyé en mission chez Muawiya à Damas. Il accomplit sa mission et était toujours dans le Sham quand débuta le mois de Ramadan. Il vit la nouvelle lune vendredi soir. Il retourna alors à Médine, arrivant là-bas vers la fin du mois. Il rencontra Ibn `Abbas qui lui demanda quand était l’observation de la nouvelle lune du mois de Ramadan dans le Sham. Kurayb dit : « Nous l’avons vu la nuit de vendredi. » Ibn Abbas demanda : « L’as-tu vu de toi-même ? » Kurayb répondit : « Oui je l’ai vu ; et les gens aussi. Donc, ils jeûnèrent et Muawiya jeûna aussi. » Sur quoi Ibn Abbas dit : « Mais nous l’avons vu la nuit de samedi ; et soit nous continuerons à jeûner trente jours, soit nous la verrons [la nouvelle lune de Chawwal]. » Kurayb demanda : « N’acceptes-tu pas l’observation de Muawiya et son jeûne ? » Ibn Abbas répondit : « Non ! C’est comme cela que le Messager de Dieu nous a recommandé de faire. »

L’école Chaféite considère que la vision n’engage que les habitants de la région où elle fut établie. Le Prophète Mohammed, Paix et Bénédiction sur lui, a dit : « Ne jeûnez pas avant que vous ne voyez le croissant et ne rompez pas le jeûne avant que vous ne le voyez. » (Rapporté par Al Boukhari et Mouslim)

La majorité des grands savants tels que l’imam Ashawkani, considèrent que ce hadith n’est pas réservé à une région particulière, mais adressé à toute la communauté musulmane. Ils voient que le hadith de Kurayb est un effort personnel d’Ijtihad de Ibn Abass, que Dieu l’agrée. En effet, Ibn Abass n’a pas annoncé que le Prophète, Paix et Bénédiction sur lui, leur a recommandé de ne pas suivre les observations des autres régions.

L’avantage de l’avis de la majorité est d’unir la communauté musulmane dans son adoration et dans ses fêtes religieuses. Mais dans l’incapacité de pouvoir réunir les pouvoirs religieux et politique autour de cet avis, il est prioritaire que l’unité se fasse d’abord dans le même pays.

2- Accomplir trente jours de Cha’bane.

Si le croissant est invisible le 29ème jour de Cha’bane après le coucher de soleil, alors on accomplit trente jours de Cha’bane.

3- L’Evaluation dans le cas d’un ciel couvert

Rappelons le hadith « Si le temps est couvert, évaluez-le. » qui demeure une référence lorsqu’il y a un empêchement à la visibilité de la lune. Les divergences des avis juridiques dans ce cas découlent des différentes interprétations qu’a pu avoir le sens du mot « Fakdorou lah » (évaluez-le).

Selon Moutarrif, un des grands successeurs (1ère génération après les compagnons), Abou Abbas Ibn Sorayj, un des grands Chafiites du 3ème siècle de l’Hégire, et Ibn Qotayba, la formulation « Evaluez-le » est un message propre adressé aux experts dans le domaine de l’évaluation des comportements astraux. Tandis que la formulation : « Terminez les trente jours » est adressée aux commun des gens.

Possibilité de jeûner en se basant sur le calcul astronomique ?

Voici présenté ici une première idée centrale de notre étude et qui exprime l’intelligence de nos prédécesseurs.

Les Hanbalites annonçaient légitiment le 1er jour de jeûne le lendemain du 29ème jour en se basant sur une attitude d’Ibn Omar rapportée comme suit selon Nafi’ : « Au 29ème jour de Cha’bane, Ibn Omar recommanda l’observation du croissant lunaire, si le croissant était vu alors il décrétait jour de jeûne le lendemain, par contre s’il n’était pas vu alors que la visibilité était claire il terminait Cha’bane à trente jours. Enfin si au 29ème jour la visibilité rendait difficile l’observation il considérait jour de jeûne le lendemain. »

Cette attitude d’Ibn Omar se base sur l’idée que le croissant aurait pu être vu si les conditions le permettaient. De ce fait, pour lui, la décision de prolonger à trente jour le mois de Cha’bane serait en contradiction avec la parole prophétique où l’Envoyé de Dieu recommande l’évaluation. (Ibn Omar aurait alors pris l’ « évaluation » au sens d’une « estimation ». Il procède ici à une estimation par défaut, contrairement à une estimation par excès qui stipulerait qu’en cas de doute le mois courant continu).

Un grand nombre de savants musulmans ont considéré le hadith « Si vous ne le voyez pas terminez trente jours de Cha’bane » comme explicitant le sens large du hadith « Si vous ne le voyez pas évaluez-le ». Par conséquent, si le croissant n’est pas vu le 29ème jour il faut accomplir le 30ème jour de Cha’bane.

Adversaires des calculs astronomiques

Un grand nombre de savants (anciens et contemporains) sont contre l’utilisation des calculs astronomiques en se référant à la parole prophétique qui lie le jeûne à la vision, et que le jeûne est un acte d’adoration, il faut donc se limiter à l’application du texte tel quel, sans aucune interprétation. Parmi ces savants nous trouvons le Juge `Iyadh, Ibn Taymiya, Ibn Baz, Mohamed ibn Abdelwahab, et El Morakochi.

Leurs arguments se basent sur le Coran, la Sunna et l’Unanimité.

Pour le verset 185 de la sourate 2 : « Fa man chahida minkom achahr fal yasomh », le malikite Ibn Al Arabi a expliqué le passage « chahida… achahr » par la vision du croissant lunaire.

L’imam Nawawi (chafiite) rejette la validité juridique des calculs astronomiques en s’appuyant sur le hadith : « Nous sommes une communauté analphabète, nous ne savons ni lire ni compter… ».

Cheikh Qaradhaoui conteste l’analyse de l’Imam Nawawi en soutenant que l’analphabétisme de la communauté fut à l’époque du Prophète, Paix et Bénédiction sur Lui, et que cette situation n’est ni permanente ni souhaitée. Le Prophète, Paix et Bénédiction sur Lui, poursuit le Cheikh, a œuvré pour la sortir de cet état par l’apprentissage de l’écriture dès la bataille de Badr.

D’ailleurs, les musulmans ont connu des grandes avancées dans les sciences en général et l’astronomie en particulier. (Remarque : L’astronomie et l’astrologie sont deux disciplines complètement différentes)

Une autre justification de Nawawi consiste en ce que les calculs astronomiques ne sont pas à la portée de tout le monde.

Partisans des calculs astronomiques :

Parmi les anciens, le successeur Motarrif Ibn Abdoulah Achakhir (décédé en 78 H), Ibn Sourayj, Ibn Qotayba, Ibn Mouqatil Arrazi et Ibn Chourayh (premier chafiite réformateur du 3ème centenaire à adopter le calcul astronomique), Ibn Dakik A’id et le chafiite Assoubky (décédé en 756H).

Parmi les contemporains, Cheikh Tantawi Jawhari fut le premier à appeler, en 1913, à utiliser les calculs astronomiques pour déterminer le début du mois de Ramadan.

Cheikh Mohamed Mustapha al Marâghi avait la même position que Assoubki qui déclarait nulle toute observation considérée comme impossible par la science. Al Hafiz Ibn Seddik Al Ghomari (1953) a aussi écrit un livre sur le sujet.

Le traditionnaliste (mohaddith) Ahmed Chakir a donné une autre portée au sujet. Il a appelé à adopter exclusivement les calculs astronomiques pour déterminer le début du mois.

La seconde idée centrale de notre étude est celle proposée par le traditionnaliste Ahmed Chakir dont voici l’énoncé :

« Nos collègues savants ont bien saisi le sens apparent du hadith décrétant l’observation du croissant lunaire, mais se sont trompés sur ses subtilités juridiques. En effet, la condition de voir le croissant lunaire à l’œil nu dans le hadith est liée à un état de fait de la communauté exprimé dans le même récit : « nous sommes une communauté analphabète, nous ne savons ni lire ni compter… » 

Désormais, la communauté n’étant plus analphabète et comptant parmi elle des spécialistes en astronomie, il est possible de déterminer avec précision le début du mois. Ainsi, la raison d’être de la vision, à savoir l’analphabétisme, étant désormais inexistante, le calcul astronomique se substitue alors à la vision vu qu’il apporte la certitude.

Ahmed Chakir de poursuivre : « Le calcul astronomique devenu de ce fait obligatoire, il doit être utilisé pour déterminer le premier croissant lunaire. La vision, quant à elle, doit être abandonnée. » Et lui-même de conclure : « Le vrai début du mois lunaire serait alors le moment d’apparition du croissant lunaire ne serait-ce qu’un instant après le coucher du Soleil. »

La vision du croissant lunaire est un moyen variable pour un objectif immuable.

Dans le livre « comment se comporter avec la Sunnah », Cheikh Al Qaradhaoui a cité en exemple les hadiths étudiés dans ce texte. Ces hadiths, dit-il, montrent le sujet, l’objectif et le moyen. L’objectif est clair. C’est de jeûner tout le mois de Ramadan ; ni jeûner le dernier jour du mois de Cha’bane ou le premier du mois de Chawwal, ni louper un jour du mois de Ramadan. Ceci doit être possible par un moyen aisé et accessible aux gens sans qu’ils soient contrariés dans la pratique de leur foi.

La vision à l’œil nu était le moyen facile et accessible à l’époque. S’il leur avait imposé le calcul astronomique alors que la communauté était analphabète, cela aurait été très contraignant pour eux. Dieu veut la faciliter et non la difficulté.

Néanmoins, si à un moment donné on accède à un autre moyen se révélant plus à même de réaliser l’objectif et d’éviter les risques d’erreur, alors aucune raison n’empêche de l’utiliser.

Quelles précisions apportent les calculs astronomiques ?

Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, les calculs astronomiques nous permettent de connaître les positions des astres à tout instant avec une grande précision. Ce qui permet de prédire le temps de conjonction par exemple. Seulement, les possibilités de visibilité ne peuvent être prédites que par des modèles numériques réalisés à partir des observations des années précédentes (d’où leurs limites en précision). 

Arguments pour l’utilisation des calculs astronomiques.

Les arguments sont basés sur le Coran, les hadiths et la raison.

· D’abord le verset 185 de la sourate 2 : «Fa man chahida minkom achahr fal yasomh», en interprétant « chahida » en terme de savoir. Ce qui revient à dire : Celui qui a su que le mois de Ramadan a commencé doit jeûner. Cheikh Rachid Rida dit que le fait de savoir que le mois de Ramadan a débuté rend le jeûne obligatoire que ce soit par la vision ou par une information d’un témoin crédible ou bien par les calculs astronomiques qui indiquent l’existence du croissant lunaire et la possibilité de vision s’il n’y a pas eu d’empêchements tels que les nuages. 

· Pour la sounnah, le hadith et le sens de l’évaluation ont été abordés plus haut.

· Sur un plan rationnel, il semble contradictoire d’approuver les calculs astronomiques pour déterminer les horaires des prières et de les désapprouver pour déterminer le début du mois de Ramadan. A savoir qu’aucun savant ne s’y oppose pour la prière.

Procédures suivies dans les pays musulmans.

Actuellement, pour déterminer le début et la fin du mois, chaque pays a sa propre méthode : certaines régions se basent sur l’observation physique de la lune, d’autres se réfèrent entièrement aux calculs astronomiques, d’autres utilisent à la fois l’observation oculaire et les calculs astronomiques :

· Il y a des pays qui appellent les gens à observer le nouveau croissant la nuit du doute et acceptent les témoignages même s’ils contredisent les données astronomiques.

· D’autres n’acceptent pas les témoignages incompatibles avec les calculs, mais les acceptent quand même lorsque les conditions de visibilité ne sont pas réunies.

· D’autres n’adoptent pas la vision comme moyen, mais ils fixent des conditions astronomiques précises. La Libye, à titre d’exemple, annonce le début du Ramadan le lendemain de la conjonction à condition qu’elle s’effectue avant l’aube.

· La plupart des musulmans n’observent pas le croissant lunaire de façon officielle. Ils se limitent à lancer un appel général pour l’observation.

· L’observation par un groupe encadré par des spécialistes est nécessaire. Parmi les pays les plus rigoureux qui observent la lune tous les mois (pas seulement Ramadan, Chawwal et Doul Hijah) est le Maroc. Il dispose d’environ 270 lieux d’observation dispersés sur tout le territoire marocain, et les forces armées participent aussi à l’observation. Un dispositif semblable existe au Sultanat d’Oman.

· Quelques pays adoptent le principe d’unité des lieux d’apparition. Le jeûne est observé dès l’annonce de la vision du croissant lunaire par le 1er pays sans vérification au préalable. C’est le cas de la Jordanie. A l’opposé, l’Arabie Saoudite, le Pakistan, le Maroc… n’adoptent que la vision locale.

· La Malaisie et l’Indonésie ont adopté les conditions suivantes :

a. L’âge du Croissant Lunaire (CL) doit être de plus de 8 heures.

b. La hauteur du centre du CL par rapport à l’horizon doit être supérieure à 2°.

c. La distance angulaire entre les axes de la lune et celui de la terre doit être supérieure à 3°.

· La Turquie a adopté les décisions du congrès d’Istanbul en 1978 :

d. Le critère de Danjon 1936.

e. La hauteur du CL par rapport à l’horizon doit être supérieure à 5°.

f. La distance angulaire entre les axes de la lune et celui de la terre doit être supérieure à 7°.

Ces différentes méthodes ont pour conséquence d’avoir des dates différentes de début et de fin des mois lunaires. Ceci crée une situation de confusion et de malaise dans la communauté musulmane, surtout lors de la détermination du début et de la fin du mois de Ramadan, qui se trouve décalée de un voire de deux jours.

Avis du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche

Le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche concernant le mois de Ramadan a annoncé une première fatwa (3ème session à Cologne – Allemagne 19-22 mai 1999) qui est la suivante :

« Le début et la fin du mois de Ramadan ne peuvent être affirmés que par la vision oculaire du nouveau croissant de lune, que ce soit à l’œil nu ou par le biais des observatoires. Le mois de Ramadan débute lorsque la vision du croissant est confirmée par un pays musulman, d’une manière légale et conformément aux ordres prophétiques : « Lorsque vous voyez le croissant, jeûnez ! Et quand vous le voyez, rompez le jeûne. » (Rapporté par Mouslim) et « Jeûnez à sa vision et rompez le jeûne à sa vision » (Rapporté par Al Boukhari).

Ceci à condition que la visibilité ne soit pas démentie par le calcul scientifique et astronomique. Lorsque les données scientifiques confirment l’impossibilité de le voir, on ne tient pas compte des témoignages de vision qui ne sont qu’hypothétiques. Les témoignages seront considérés comme une erreur ou un mensonge, car le témoignage hypothétique de témoins ne peut s’opposer à des données scientifiques sûres, selon l’unanimité de tous les savants. »

Dans sa dernière Fatwa, le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche (au cours de sa 17ème session à Sarajevo du 15-19 mai 2007) a adopté l’avis de cheikh Ahmed Chakir en se fixant comme lieu de référence la Mecque et les deux conditions déjà vues, à savoir l’établissement de la conjonction et le fait que la lune se couche au moins un instant après le coucher du soleil.

Conclusion 

L’utilisation du calcul astronomique est-elle en accord avec la jurisprudence ?

Nous nous proposons de prendre tout ce qui a été dit précédemment afin de savoir s’il est possible de trouver une solution globale au problème de décalage dans le jeûne.

1) Nous sommes la nuit du doute (29 Cha’bane), que faire ?

a) Le ciel est clair, le croissant lunaire est visible : le jeûne est annoncé pour le lendemain.

b) Le ciel est clair, le croissant lunaire n’est pas visible : on accomplit le trentième jour de Cha’bane.

2) Nous sommes toujours la nuit du doute, le ciel est couvert, quelle décision prendre ?

a) On procède au principe d’évaluation recommandé par le Prophète de l’Islam

.     La conjonction a eu lieu de sorte que le croissant est âgé de plus de 20h au moment du coucher : on considère alors que le croissant est bien présent (en accord avec les données astronomiques) malgré le ciel couvert, et on prononce ainsi le jeûne pour le lendemain.

.    La conjonction a eu lieu à un moment qui donne naissance à un croissant à la limite (proche de 12h à 13h, < 15h) : on prolonge Cha’bane à 30 jours à moins qu’il n’y ait un témoignage d’une personne crédible.

.   S’il y a témoignage d’une personne crédible tenant compte de la limite d’observation (entre 15h et 20h) : on prononce le jeûne le lendemain.

Vu la complexité du sujet, cette étude ne peut prétendre qu’à contribuer à clarifier les différends. Elle ne cherche en aucun cas à prendre une nouvelle position. Puisse-t-elle permettre à de nombreux musulmans une meilleure compréhension du sujet.

En guise d’épilogue à cette humble étude, voici une lumineuse parole du Prophète de l’Islam, Paix et Salut sur lui :

 « Abu Hurayra, `Aisha et d’autres ont rapporté que le Messager – que Dieu prie sur lui et le salue – a dit : « Le jeûne commence le jour où vous commencez à jeûner ; Al-Fitr [‘Id] est le jour où vous rompez votre jeûne ; Al-Adha [‘Id] est le jour où vous sacrifiez. » (Rapporté par Abû Dawud et At-Tirmidhi)

Nos meilleurs vœux pour le mois de Ramadan.

Bibliographie :

Histoire des sciences arabes – Vol III Astronomie

L’histoire oubliée – Régis Morelon

L’islam et le croissant – La Recherche 1999

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