Être parent : un défi au quotidien

Être parent, un vrai bonheur, mais au quotidien c’est loin d’être une promenade de santé.

Le bonheur de tenir ce petit être innocent dans nos bras est sans commune mesure. Un bébé est attachant, nous apprenons beaucoup lorsque nous avons des enfants. Ils dépendent totalement de leurs parents, ceux-ci ont donc intérêt à s’intéresser à leurs besoins primaires mais aussi en grandissant, à tout ce qui les touche de près ou de loin.  On ressent cette joie de tenir ces petits êtres dans nos bras mais aussi une immense responsabilité qui pèse sur nos épaules, cette responsabilité nous allons la porter jusqu’à la fin de nos jours et même après, car c’est un héritage que nous leur léguons, cet héritage qui s’appelle l’éducation. Car notre prophète, paix et salut sur lui, a dit : « un parent ne lègue rien de mieux à son enfant qu’une bonne éducation »(1)

Ce bonheur, cependant, est si fragile. Nous sommes des êtres complexes, qui parfois, dans certaines situations peuvent perdre tous leurs moyens.

L’enfant passe par des périodes…

La première période demande des efforts pour être opérationnel : changer la couche, allaiter ou chauffer le biberon, câliner, porter, habiller, protéger l’enfant complètement dépendant de l’adulte. « Il a besoin de cette proximité maternelle et paternelle pour se sentir en sécurité ». (2)

La seconde période vers les 18 mois, l’enfant commence à s’affirmer, à dire « non » (chose qu’il répète inlassablement tellement nous l’avons rabâché). Beaucoup de parents sont alors bouleversés par les attitudes de ce petit être qui n’en fait qu’à sa tête et s’imaginent déjà dans 17 ans !

Autant être averti.e.s : les périodes de développement de l’enfant se suivent mais ne se ressemblent pas.  Il ne faut pas pour autant démoraliser. S’inquiéter et se nourrir d’angoisses n’a jamais apporté l’harmonie et le bonheur familial tant rêvé.

Par ailleurs, il n’y a pas de recette miracle pour atteindre ce bonheur et cette sérénité tant espérés.

Il est tout à fait normal que l’enfant crie, pleure, il exprime tout simplement ses émotions. En tant qu’éducateur, nous devons simplement veiller à ce que cela ne se traduise pas par de la violence verbale ou physique, ce qui doit être inacceptable dans toutes les familles. Il est parfaitement judicieux de créer des espaces ou des objets où l’enfant peut se défouler et se vider de ses émotions négatives de manière saine, tout en le protégeant ainsi que ceux qui l’entourent.

Plus cette façon de faire sera inculquée tôt à l’enfant, plus il grandira de manière sereine, et arrivera à gérer ses émotions. Vers 10-12 ans, pratiquer un sport régulier peut aider ces pré-ados à garder une hygiène physique et mentale saine tout au long de leur vie.

Les parents sont ses premiers modèles

N’oublions pas qu’un état d’esprit du parent se transmet de façon naturelle à l’enfant. Les parents sont ses premiers modèles, il n’a qu’à regarder faire et reproduire. Nous pouvons dire qu’une grande partie de l’éducation est en fait l’imitation, nous avons seulement à être nous-mêmes … en mieux ! Et nous ? De qui allons-nous puiser notre source de bons comportements ? Il suffit d’aller à la source coranique : « en effet, vous avez dans le messager de Dieu un excellent modèle à suivre » (3). Cette méthode est bien connue dans le monde de la PNL, lorsque l’on a un but à atteindre, on cherche les meilleurs modèles que l’on puisse trouver et on s’inspire des étapes qui les ont menés vers la réussite.

Lorsque l’on a tout essayé pour que nos enfants soient ENFIN comme NOUS voulons qu’ils soient ; il est bien souvent utile de tourner le projecteur vers nous-mêmes. Notre enfant est le fruit de ce qu’il imite, il VOUS imite, essayez donc d’améliorer votre façon de parler, votre façon de réagir aux mauvais comportements, votre façon d’encourager, tout cela d’abord POUR VOUS, surtout pas pour donner une image falsifiée à vos enfants, ne jouez pas la comédie soyez vous-mêmes. Si vous imitez Notre prophète bien-aimé, il y a de fortes chances pour que, grâce à cet effort, vos enfants fassent de même; vous instaurez alors naturellement une chaîne vertueuse.

Dans les situations difficiles, maîtrisez vos colères, expliquez-leur votre mal-être du moment, isolez-vous lorsque vous sentez que la cocotte-minute est prête à exploser ! Nous connaissons la marche à suivre que nous a enseignée notre prophète en cas de colère : faire ses ablutions –l’eau éteint le feu -s’asseoir ou s’allonger.

D’autre part si on veut atteindre des degrés de foi, « le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur avec sa famille et parmi vous je suis le meilleur avec ma famille » (4) nous exhorte notre bien-aimé prophète

Si nous voulons changer notre entourage, changeons nous-mêmes et le reste suivra. Il est nécessaire de se tenir informé des nouvelles façons de faire, de s’entourer des bonnes personnes qui peuvent nous aider dans notre démarche, d’échanger avec des personnes qui rencontrent les mêmes problématiques.

Quoiqu’il en soit, en cas de difficultés majeures il vaut mieux en parler que s’isoler et s’enfoncer dans son problème. Notre entourage voit souvent le problème sous un autre angle !

Je me souviens d’une petite conversation avec une amie à laquelle je me plaignais, de mon aîné qui a aujourd’hui 12 ans, en ces termes : « mon fils est toujours collé à moi… il tient mal son crayon etc. » (angoisses de jeune maman la veille de la rentrée scolaire); à elle de me répondre : « mais il n’a que trois ans ! »… Cette simple phrase a fait l’effet d’un soufflet, mes angoisses sont retombées d’un coup. On se fait tout un monde de « comment DOIT être notre enfant » et on passe à côté de qui il est vraiment.

Le mouvement de l’éducation positive est en marche, une palette d’auteurs et de spécialistes s’impliquent dans la promotion de l’éducation et la communication non violentes. Celles-ci existent pourtant depuis des siècles dans la tradition prophétique. La façon dont le prophète, paix et salut sur lui, s’adressait à l’enfant par des mots valorisants et la bonne exhortation a précédé de loin Françoise Dolto qui faisait découvrir sur les ondes que « l’enfant est une personne ».

Que reste-t-il de cet héritage prophétique où l’enfant était considéré et avait un droit de parole ? C’est à nous de faire revivre cet esprit de considération de l’enfant. A cet effet , j’invite le lecteur à lire , méditer et pratiquer la sourate « Loqman » dans laquelle nous avons un exemple parfait de la bonne exhortation en éducation qui implique en premier lieu la notion de Tawhid et de reconnaissance envers Dieu  puis le respect des parents. Vient ensuite la certitude que Dieu est témoin de chacun de nos actes. En troisième point Loqman invite son fils à accomplir la prière et à encourager le bien et interdire le blâmable. Puis enfin il met l’accent sur la nécessité du bon comportement dans les relations sociales.

La transmission des valeurs

Tout parent doit s’interroger sur le projet éducatif qu’il souhaite mettre en place avec son enfant, que ce soit le couple parental, ou le père, la mère solo.  Cette mise au point permet de dégager les objectifs, les principes et les valeurs que l’on souhaite voir s’épanouir au sein de la famille.

L’objectif du projet éducatif que l’on peut supposer convenir à la famille musulmane est bien évidemment la Satisfaction Divine. On n’éduque pas ses enfants pour les gens, ou pour qu’ils aient un super métier, qu’ils soient meilleurs que les autres ou que sais-je encore… « Nous n’avons créé les hommes et les djinns que pour qu’ils M’adorent ». (5) Le premier droit d’un être humain est de connaître son Créateur autant dire que c’est un vaste programme. Lorsque Karima Mondon (6) précise que nous avons le devoir de préserver la fitra (prime nature) de notre enfant, cela implique que le parent lui-même fasse l’effort de connaître sa religion pour pouvoir appliquer et transmettre ce fabuleux trésor à ses enfants.

Éduquer son enfant à aimer Dieu et Son Prophète, c’est aussi lui apprendre qu’il a un protecteur, un confident à Qui il peut s’adresser nuit et jour et cela n’a pas de prix !

Les principes sont les rails de l’éducation, ce sont les limites que Dieu a instaurées, elles guident nos pas sur le droit chemin, s’en écarter c’est risquer de se blesser et de se perdre. Ces limites doivent être posées dès l’enfance pour s’ancrer dès le plus jeune âge. En effet les parole prophétiques sont là pour nous le rappeler « efforcez-vous de faire, dans la mesure du possible ce que je vous invite à faire quant à ce que je vous interdis de faire, évitez-le complément » (6)

Les valeurs visent à « embellir » le caractère, nous pouvons citer la sagesse, le dialogue, l’écoute.

Pour finir, la patience et la confiance en Dieu sont des outils précieux. Ali, que Dieu soit satisfait de lui, disait : « la patience commence quand tu ne peux plus patienter »

Le rôle de la mère est primordial (malgré tous les discours qui peuvent affluer sur la responsabilité des pères en ce qui concerne les enfants) le poids de l’éducation repose surtout sur elle. En tant que mamans, nous avons de multiples casquettes pour que le quotidien de notre famille soit le plus agréable possible, nous sommes en quelque sorte un pilier. Tantôt elle est infirmière, tantôt taxi, cuisinière, gérante… la liste est loin d’être exhaustive. Comme le dit si bien l’adage « une maman peut remplacer n’importe qui mais personne ne peut remplacer une maman » ceux qui ont fait la douloureuse expérience de la perte de cet être cher savent de quoi il en retourne.

L’éducation d’un enfant est autant un bonheur qu’une épreuve. S’attacher à Notre Créateur, par le biais de l’invocation est la meilleure façon de réussir ce bonheur-épreuve, car c’est Lui qui a créé toute chose. Il connaît mieux que n’importe quel spécialiste vos difficultés et leurs solutions, Il connaît votre passé et votre futur ainsi que ceux de vos enfants et de toutes les générations à venir.

(1)Hadith rapporté par Boukhari

(2)Bowlby, psychanalyste britannique, célèbre pour ses travaux sur l’attachement, la relation mère-enfant. Pour lui, les besoins fondamentaux du nouveau-né se situent au niveau des contacts physiques

(3) Coran : Sourate 33, Verset 21

(4) Hadith rapporté par Thirmidhi, d’après Aicha

(5) Coran : Sourate 51, Verset 56

(6) Hadith rapporté par Boukhari dans le livre de la foi

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