De la Culture Islamique

Si le rôle de l’Islam est de recentrer l’Homme sur l’occupation majeure et de lui rappeler la grande Nouvelle de la vie dernière et du retour vers Dieu, alors comment l’art et la littérature peuvent-ils appuyer sa démarche et faire entendre son message ?

L’art et la littérature dont la finalité est de répondre à une telle attente sont dignes à notre sens de porter le qualificatif « islamique. »

Des moyens et une finalité

Avec quel savoir-faire littéraire, quels outils linguistiques et quelle méthode d’enseignement, la littérature islamique, l’art islamique, le théâtre islamique et les chants islamiques aborderont-ils des êtres imprégnés peu ou beaucoup de la culture matérialiste dominante, afin de toucher les battements enfuis d’une prime nature souillée ou entièrement défigurée ?

Comment la littérature islamique pourra-t-elle emprunter un chemin pour embrasser l’innéité humaine, après avoir su frapper sur sa porte, puis nourrir l’âme dans son enfance spirituelle jusqu’au parachèvement de sa plénitude et de sa maturité ?

Comment faire évoluer une âme attachée dans son enfance aux amusements plaisants et aux faux brillants de la vie terrestre, vers la majorité de se donner une cause, un sens à son existence ? Une majorité qui évolue d’une étape où l’on s’intéresse aux degrés de mérite auprès de Dieu, vers une étape où l’on recherche ces degrés, puis une étape où l’on persévère dans cette recherche, puis une étape où l’on lutte pour cette recherche, puis une étape où l’on recherche Dieu Seigneur des degrés et de toutes les créatures.

Question de principe

Croire en Dieu et au Jour dernier est un phénomène classé et dépassé au sens de l’homme moderne.

Au sens d’une vision islamique soucieuse d’un avenir qui est la mort et d’un devenir qui est le Paradis ou l’Enfer, nul bien dans un art qui erre dans les plaisirs et les festivités de la vie ici-bas. Un art passionnel et insouciant dont le seul souci est de sublimer les rêves égocentriques de l’Homme et d’exalter ses passions terriennes loin de toute souvenance de l’au-delà. Un art qui met à plat toute volonté d’échapper à l’attraction terrestre vers un ciel de spiritualité et de présence à Dieu et pour Dieu.

Identité artistique

Nous ne pouvons point qualifier nos lettres d’Islamiques si sa loyauté envers la révélation est contestable et son langage hybride.

Certes, se distinguer par un message qui rappelle Dieu et la vie dernière au milieu d’un champ artistique qui se nourrie de philosophies matérialistes est, nul doute, un projet ambitieux et un défi très sérieux. Cependant, s’il est raisonnable que l’art islamique mène progressivement sa lutte pour se distinguer de l’art athée, il n’atteindra la maturité que lorsqu’il arrivera à investir les potentiels artistiques et littéraires au bénéfice de la parole coranique et du langage prophétique. Lorsqu’on utilisera la beauté des lettres et la splendeur des oeuvres artistiques pour présenter le message du Coran et la Nouvelle de la révélation, à ce moment, on sera en mesure d’imprégner son public par les valeurs de la foi.

S’opposer et peser

« N’obéis pas aux négateurs et opposes-toi à eux (a l’aide de ce Coran) d’une grande opposition. » (Coran, s. Le discernement, v.52) recommande Dieu à son messager au début de la révélation.

C’est une grande opposition que de désobéir aux courants dominants, aux normes régnantes. Une grande opposition que de s’opposer par notre art et littérature islamiques à la culture moderniste forte de ses moyens de communication et financiers, et habile par son expérience dans les sciences humaines. Une grande lutte que de démarquer et distinguer notre poésie et nos produits audio-visuels sous la pression normative des modèles conformistes athées et pro-athées. A nous, fidèles musulmans, d’éduquer et de participer à l’éducation avec une littérature saine de la pollution ambiante. Laquelle due à notre cohabitation dans le monde avec un consumérisme doctrinaire qui, associé à un ultra-libéralisme aveugle, n’hésite pas à mettre une étiquette de prix sur la chair des femmes et des enfants.

Les lettres islamiques doivent être un instrument d’éducation, une parole qui a un sens, un vecteur d’enseignement, un canal de communication qui fait part d’un message. Elles ne doivent pas être un outil de distraction et un article de consommation, mais un moyen d’éducation, une parole ciblée qui emprunte les outils de l’époque, les adaptent et les embelli d’une beauté céleste, puis s’introduit doucement à travers les moyens d’expression licites et contemporains. Une parole belle de composition et douce d’expression mais sans concession sur les principes. Au cas où la parole douce ne ferait point effet, l’exhortation ferme et sincère doit prendre le relais.

La recherche de l’esthétique ne doit pas nous dévier du but essentiel qui est de transmettre le message de Dieu. L’œuvre de l’acteur et de l’auteur sera digne de faire leur joie lorsque le lecteur, l’auditeur et le spectateur, imprégnés par la guidée divine, se seront mis en cause et auront entamé une réconciliation sincère avec Dieu. L’effort de l’acteur et de l’auteur sera perdu, et le sens de son message dissipé dans la porosité de l’esthétisme si, émerveillés, le lecteur et l’auditeur crient : « quel beau poème ! » Et le spectateur : « quelle belle présentation ! » ou « quelle belle production ! »

Référence : Al Mandhoumat ul-Wa’dhiyyah (L’exhortation rimée) de A.YASSINE.

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