La marche silencieuse de Montpellier, un message de paix et une démonstration de fraternité

La marche silencieuse organisée à Montpellier le Samedi 18 Février 2006 s’est distinguée par son état d’esprit et l’originalité de ses actions. Un discours serein, une démarche ouverte, un encadrement exemplaire et une mobilisation réussie.

Pour partager cette expérience, nous avons recueilli le témoignage de Abderrahmane Oumachar, porte-parole de la marche et membre du bureau de PSM-Sud.

Question : Cette marche n’arrive-t-elle pas un peu tard ?

A.O. : Avec les associations qui ont participé à cette marche, il était question de prendre du recul pour agir à contre-courant et envoyer un message dans la sérénité et l’apaisement. Dans notre état d’esprit, surfer sur une vague de colère et réagir dans la précipitation aurait été contre-productif.

Question : Quel était justement l’état d’esprit de cette marche ?

A.O. : Nous avons travaillé pour que cette mobilisation soit une démarche citoyenne ouverte et positive. Nous avons voulu assumer nos responsabilités en tant que dynamique associative musulmane pour canaliser une émotion légitime et éviter tout dérapage et toute exploitation politicienne de l’affaire. Nous ne voulions surtout pas nous enfermer dans une logique communautariste ou religieuse, ayant conscience que ce qui est en réalité en jeu concerne l’ensemble de la société et non pas la seule communauté musulmane. Ce combat contre le racisme et les amalgames et pour une société de solidarité et de confiance doit mobiliser au-delà de tout clivage. C’est pourquoi nous avons voulu associer un certain nombre de partenaires de la société civile et les représentants des communautés religieuses dans la démarche.

Question : Quel bilan tirez-vous de cette participation ?

A.O. : La marche a été Grâce à Dieu un grand succès. Plus de 5 milles citoyens ont répondu à l’appel. La marche qui a mobilisé plusieurs villes de la région Languedoc-Roussillon s’est tenue dans la dignité, la responsabilité et dans une ambiance calme et sereine. Ce qui a particulièrement interpellé les observateurs ainsi que le nombreux public qui a suivi la marche. La presse locale a bien souligné l’esprit de responsabilité dont les manifestants ont fait preuve.

Question : Des fleurs, du thé et des gâteaux ont été distribués lors de la marche. Quel sens donnez-vous à ce geste ?

A.O. : Il y avait certes dans l’état d’esprit général de la manifestation une dimension politique incontournable que nous assumons sans aucune ambiguïté. En tant que citoyens français, nous exerçons notre droit de dénoncer le racisme et l’islamophobie. Néanmoins nous n’avons pas voulu nous limiter à une logique revendicative. Ces actions symboliques expriment notre refus de faire l’amalgame entre la majorité de nos concitoyens et une certaine élite islamophobe. Si la mentalité égoïste conçoit les relations humaines sous l’angle de l’intérêt, pour nous, la solidarité et la générosité en vue d’un meilleur vivre ensemble est une bien meilleure recette. Certes, nous avons manifesté pour revendiquer du respect pour nous et pour les autres, mais aussi pour donner de l’amour et de la fraternité. C’est ainsi que nous concevons l’islam et les enseignements du Prophète de l’islam (Paix et Bénédictions sur lui) et sur tous les Prophètes.

Question : Y aura-t-il une suite à cette mobilisation ?

A.O. : Au sein de PSM-Sud, Nous espérons effectivement poursuivre cette dynamique de rapprochement entre les composantes de notre société soucieuses de la dignité humaine et oeuvrant pour une société de confiance, de solidarité et de justice.

Ce qui est réellement en jeu en terme de débat de société et d’engagement citoyen nécessite un travail de longue haleine pour changer les mentalités, contribuer à améliorer le quotidien des gens et inventer notre avenir commun.

Cette nouvelle affaire (les caricatures) renforce notre conviction que le danger qui guette notre société est bien l’ignorance de l’autre. Ceci doit nous interpeller en tant que musulmans pour aller vers plus de visibilité et plus d’ouverture à la société. Nous avons plus que jamais le devoir d’être et de témoigner ; de participer et de dire l’islam dans sa positivité : un message de sens, un projet de justice et un appel pour une fraternité universelle. La crispation identitaire et le repli communautaire sont un mauvais réflexe en faveur du climat de suspicion, de méfiance et de peur qui pèse sur les citoyens français de confession musulmane. Nous devons être vigilants quant à cela et savoir répondre avec intelligence aux défis de notre société. C’est pourquoi nous devons travailler ensemble pour un partenariat qui porte cette ambition et transforme cette volonté en un projet concret.

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